samedi 2 juin 2018

Dépendance : 5,8 millions de seniors vivant à domicile souffrent d’une limitation fonctionnelle sévère

Fabienne Rigal
| 01.06.2018


La Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (DREES) a présenté les résultats de son enquête Capacités, aides, et ressources des seniors (CARE), portant sur les limitations fonctionnelles et les restrictions d’activité chez les plus de 60 ans vivant à domicile.
Si la plupart des indicateurs ont baissé depuis 2008 et que les inégalités hommes/femmes avant 75 ans se sont globalement réduites, elles ont en revanche progressé en défaveur des femmes de 75 ans et plus.

Les 60 ans et plus représentent en France métropolitaine 15,7 millions de personnes, soit 25 % de la population, et 95 % d’entre elles vivent à domicile. Parmi elles, 9,21 millions déclarent une maladie ou un problème de santé chronique (soit 64 % : 60 % avant 75 ans, et 71 % après). Et 5,8 millions souffrent d’au moins une limitation fonctionnelle sévère (soit 40 % : 28 % avant 75 ans et 62 % après). Parmi ces dernières les limitations physiques sont les plus répandues (30 %), puis les limitations sensorielles (19 %), cognitives (8 %), et enfin relationnelles (5 %).
Les restrictions d’activité (mesurées par différents indicateurs) concerneraient 4,49 millions de seniors (31 %). Il s’agit entre autres d’activités telles que « faire les courses, préparer les repas, se servir du téléphone, se laver ou s’habiller ».
Les femmes plus touchées, sauf par les limitations sensorielles
Les écarts de prévalence entre hommes et femmes sont faibles pour la majorité des indicateurs entre 60 et 64 ans, avec toutefois un écart élevé dans la prévalence des limitations physiques (19,8 % chez les femmes, et 11,8 % chez les hommes).
Mais, « chez les femmes de 60 à 74 ans, la prévalence des limitations physiques est de 22 %, contre 12 % chez les hommes », et « chez les femmes de 75 ans ou plus, la prévalence des limitations physiques est de 60 %, contre 37 % des hommes ».
Les limitations cognitives peuvent être scindées en deux catégories : celle des difficultés liées à la mémoire et celle liées au relationnel. « Pour les premières, le rapport de prévalence (F/H) est assez faible, que ce soit chez les 60-74 ans ou 75 ans ou plus (respectivement un rapport de 1,1 et de 1,3). » Et, « la prévalence des limitations cognitives liées aux difficultés relationnelles est plus élevée chez les hommes de 60 à 74 ans que chez les femmes du même âge », mais « chez les individus de 75 ans ou plus, par contre, la prévalence de ces difficultés est plus importante chez les femmes que chez les hommes. »
En revanche, « les limitations sensorielles sont les seules limitations pour lesquelles les hommes, quelle que soit la tranche d’âge considérée, ont une prévalence plus élevée que les femmes. »
Les auteurs ajoutent qu’en 2015, par rapport à l’enquête précédente datant de 2008, la situation s’est légèrement améliorée mais reste défavorable aux femmes.
*Enquête menée sur 10 628 personnes de 60 ans ou plus, dont 56 % de 75 ans ou plus, lors d’entretiens en face-à-face, entre mai et octobre 2015.
Les difficultés d’audition, de vue, et de mastication augmentent avec l’âge
Les enquêteurs de la DREES ont particulièrement mis en avant les troubles fonctionnels de la vue, de l’audition et de la mastication. Ils notent ainsi que « 17 % des personnes de 60 ans ou plus vivant à domicile (soit 2,4 millions de personnes) déclarent avoir beaucoup de difficultés à mordre et mâcher un aliment ferme ou ne pas y parvenir, même quand elles portent un dentier », mais aussi que « 6 % (soit 800 000 personnes) signalent de nombreuses difficultés ou une incapacité pour voir de près et 4 % (soit 540 000 personnes) pour voir de loin, malgré leurs lunettes ou leurs lentilles le cas échéant. Enfin, la même proportion de personnes (4 %) déclare avoir beaucoup de difficultés à entendre une personne dans une pièce silencieuse ou ne pas y parvenir, même quand elles sont équipées d'un appareil auditif. »

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