mardi 29 mai 2018

La synapse tétrapartite, impliquée dans la schizophrénie

23/05/2018

Présentant un « concept émergent soutenu par l’accumulation de preuves », le phénomène de la « synapse tétrapartite », une équipe de Boston et de Belmont (Massachusetts) évoque son implication très probable dans le déterminisme de la schizophrénie. Les auteurs rappellent que la perturbation du fonctionnement synaptique constitue « une composante essentielle » de la physiopathologie de cette maladie où des « réductions significatives » de la densité dendritique et des modifications structurales et moléculaires sont en effet notées dans plusieurs régions cérébrales, et révèleraient « un déficit de la plasticité synaptique. » Or on sait désormais que ce fonctionnement synaptique ne se résume pas aux seules interactions entre les terminaisons pré et post-synaptiques (dendrites et axones), mais implique aussi deux autres composantes, d’où la dénomination de « synapse tétrapartite » : des cellules gliales (et microgliales[1]) et la matrice extracellulaire. 

Il a notamment été montré, précisent les chercheurs, que certaines molécules, les protéoglycanes de chondroïtine-sulfate (constituants essentiels de la matrice extracellulaire) sont « synthétisées principalement par des cellules gliales » et forment des agrégats périsynaptiques (réseaux périneuronaux) « modulant la signalisation et la plasticité synaptiques pendant le développement postnatal et à l’âge adulte. » Convergeant avec d’autres résultats, les travaux des auteurs montrent la présence d’«anomalies marquées » dans plusieurs sites du cerveau, en cas de schizophrénie. Ces troubles à l’échelle histologique semblent affecter « la matrice extracellulaire, y compris les réseaux périneuronaux », ainsi que les populations de cellules gliales, et en particulier la synthèse des protéoglycanes de chondroïtine-sulfate. 

S’il reste encore difficile de démêler formellement dans la schizophrénie les écheveaux respectifs des causes et des conséquences histopathologiques, ce nouveau concept d’interactions complexes entre les quatre acteurs de la synapse propose une confirmation de l’implication cruciale d’un dysfonctionnement dès le niveau synaptique, comme processus sous-jacent des troubles cliniques.


Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Chelini G et coll.: The tetrapartite synapse: a key concept in the pathophysiology of schizophrenia. European Psychiatry, 2018; 50: 60–69.

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