mercredi 25 avril 2018

« Les infirmiers en pratique avancée ne prendront la place de personne », clament des médecins enthousiaste

Sophie Martos
| 25.04.2018



INFIRMIERE
Crédit Photo : S. Toubon

Dans une tribune publiée le 23 avril par le « Figaro », plusieurs syndicats de carabins (ANEMF), d'internes (ISNI, ISNAR-IMG), de médecins généralistes remplaçants (ReAGJIR) et salariés (USMCS), d'étudiants infirmiers (FNESI) et de paramédicaux libéraux en exercice (SNIIL) prennent la défense des infirmiers en pratique avancée (IPA), nouveau métier en plein boom qui fait de plus en plus réagir le monde de la santé, notamment les médecins généralistes. Les représentants des maisons (FFMPS), des centres (FNCS) de santé et des patients (Fédération française des diabétiques) sont également signataires du texte intituté : « Les infirmiers dits de pratique avancée seront-ils le nouveau visage de notre système de santé ? ».

Faire de la place aux IPA
Les infirmiers en pratique avancée sont dans l'air du temps. Les paramédicaux s'interrogent beaucoup sur l'avenir de leur profession. Dans une enquête* récente de la MACSF sur l'infirmière du futur, 91 % des sondés pensent qu'ils auront plus de responsabilité en 2030 et 92 % que le travail de coordination fera partie intégrante de leur quotidien (faire le lien avec le médecin traitant pour le suivi, passer des appels aux patients pour prendre des nouvelles postopératoires…) 89 % estiment même que les médecins leur délégueront plus de tâches d'ici dix ans.
La tribune favorable au développement des IPA intervient alors que le ministère de la Santé reçoit ce mercredi les syndicats de médecins libéraux et les structures jeunes afin de leur présenter une nouvelle version du projet de décret qui doit concrétiser dans les mois à venir le métier d'infirmier en pratique avancée, prévu dans la loi de santé. L'objectif affiché est de développer un poste intermédiaire entre le médecin et l'infirmier de niveau master (bac +5), c'est-à-dire « un super infirmier qui aura de nouvelles responsabilités dans la prise en charge du patient », explique le Dr Yannick Schmitt, président du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR).
Les signataires de la tribune prennent fait et cause pour l'IPA au nom de l'accès aux soins pour tous. « Dans le contexte actuel d’un accès de plus en plus difficile à des soins de qualité, l’arrivée d’infirmiers capables d’épauler les médecins est assurément une bonne nouvelle », s'enthousiasment les auteurs. Pour autant, l'essor de cette nouvelle profession réclame des ajustements de la part des professionnels en poste, en particulier des médecins. Cette nouvelle dynamique « suppose que chacun, notamment les médecins, soit prêt à leur laisser une véritable place et ne les voit pas [les IPA, NDLR] comme de simples auxiliaires ou assistants médicaux », lit-on.
Les infirmiers en pratique avancée exerceront demain de nouvelles compétences « comme des actes techniques, des consultations infirmières ou certaines prescriptions », analysent encore les médecins et infirmiers avocats de ce super-paramédical. Et de mettre les pieds dans le plat : « ces infirmiers en pratique avancée ne prendront la place de personne, mais viendront compléter l’offre de soin globale »
Le médecin généraliste, toujours garant de la coordination
Le développement des masters spécialisés est également une autre demande de l'ensemble des signataires de la tribune. Actuellement, seuls deux cursus en France sont accessibles. Les professionnels réclament que la poursuite des études soit possible directement après une licence ou après un temps d'exercice pour tous. 
En parralèle à cette tribune, les internes de médecine générale de l'ISNAR-IMG ont pris le soin de rappeler par voie de presse que l'arrivée de cette nouvelle profession, certes bienvenue, ne peut se faire si le médecine généraliste n'est pas confirmé dans son poste de « garant de la coordination du parcours de soins ».
Les remplaçants de REAGJIR espèrent pour leur part que les futurs IPA ne seront pas amenés à travailler uniquement en milieu hospitalier. « Il ne faudrait pas que la médecine dite de ville soit mise de côté », préviennent-ils. 
* Enquête réalisée via un questionnaire envoyé à 8 000 infirmiers, sociétaires MACSF en novembre 2017 et sur des entretiens collectifs réalisés par l'institut GfK auprès de 17 infirmières en septembre 2017.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire