lundi 23 avril 2018

Les femmes ont-elles des dons psychiques ?

LES 400 CULS
 



Au XIXe siècle, le phénomène du spiritisme offre à des milliers de femme la possibilité de gagner leur vie en faisant tourner des guéridons et des planchettes. Certaines deviennent riches, très riches. Le spiritisme : un mouvement d’émancipation ?
Parmi les articles du numéro spécial «Fantômes» de la revue Terrain, celui du philosophe Philippe Baudouin («Archéologie des machines occultes») pose une question d’actualité : les femmes sont-elles libérées ou piégées lorsqu’elles affirment avoir des dons spéciaux, comme celui de médium ? Détail troublant : lorsque les savants étudient la communication avec les morts, ils préfèrent prendre pour sujet une femme qu’un homme. «Est mentionné le caractère “efféminé” des hommes médiums, voire leur homosexualité latente.» Autrement dit : les médiums masculins sont éliminés des protocoles expérimentaux, parce que les qualités de passivité et d’hyper-sensibilité attribuées aux médiums paraissent légitimes chez les femmes, mais pas chez les hommes. Il est normal qu’une femme «se soumette» à l’influence des esprits. N’est-elle pas soumise de nature ?
La femme est un corps instrumentalisé par des esprits
Cette image de la femme comme simple réceptacle – «instrument d’une intelligence étrangère» – est largement véhiculée par les autorités du mouvement spirite qui sont, pour la plupart, des hommes. Allan Kardec (l’inventeur du mot spiritisme), notamment, définit les médiums comme d’authentiques «machines électriques» qui «transmettent des dépêches télégraphiques d’un point éloigné à un autre de la terre». Pour lui, les médiums ne sont que des outils de chair. Ainsi, précise-t-il, «quand nous voulons dicter une communication, nous agissons sur le médium comme l’employé du télégraphe sur son appareil» (1). Aux yeux des savants qui s’intéressent très vite au phénomène, les femmes sont à leur place dans le rôle de médium, puisqu’elles restent conformes à l’image qu’on se fait d’une femme. Grégory Delaplace, qui coordonne le numéro «fantômes», formule ainsi la problématique : au XIX siècle «tandis que les médiums féminins se pensaient à l’avant-garde de la découverte d’un monde que les hommes n’avaient (pour une fois) pas les moyens d’explorer seuls, les scientifiques masculins les envisageaient comme de simples instruments de mesure psychique, qui seraient d’autant plus fiables qu’ils seraient passifs sous la main experte de l’homme de science.»

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