lundi 30 avril 2018

Comment maintenir dans l’emploi les personnes malades ou handicapées ?

Lors des Assises du maintien dans l’emploi, le 24 avril, des pistes ont été évoquées pour éviter la désinsertion professionnelle des salariés porteurs d’une affection ou d’un handicap.

LE MONDE  | Par 


« Selon la Caisse nationale de l’assurance-maladie des travailleurs salariés, 40 % des salariés en arrêt de travail depuis plus de trois mois en raison de troubles musculo-squelettiques ne reprendront pas leur travail. »
« Selon la Caisse nationale de l’assurance-maladie des travailleurs salariés, 40 % des salariés en arrêt de travail depuis plus de trois mois en raison de troubles musculo-squelettiques ne reprendront pas leur travail. » Alain Le Bot / Photononstop


En France, 5 à 10 millions de salariés sont menacés de désinsertion professionnelle du fait de leur maladie ou de leur handicap. Un sujet au cœur des Assises du maintien dans l’emploi, qui se sont tenues le 24 avril à l’initiative de la Fédération régionale des services de santé au travail d’Ile-de-France.

S’étant vu confier une mission par le gouvernement pour sécuriser l’emploi des personnes handicapées et de leurs aidants, la présidente du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), Dominique Gillot, a présenté ses axes de travail lors de la conférence d’ouverture de cet événement. « Il faut identifier les points de rupture dans le parcours professionnel », a martelé l’ex-secrétaire d’Etat aux personnes âgées, rappelant que « dans 90 % des cas », un salarié déclaré inapte à reprendre son poste par le médecin du travail se verra licencié.

Raccourcir les délais administratifs

Parmi ses préconisations, le raccourcissement des délais administratifs. « Pour obtenir la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), ce délai peut atteindre plusieurs mois », a pointé Dominique Gillot. L’obtention de ce statut permet, entre autres, au salarié et à son employeur de déclencher le processus d’aides pour l’aménagement du poste de travail. Sachant qu’il existe déjà une procédure accélérée de demande d’une RQTH, enclenchée si besoin par le médecin du travail.

« Il faut aussi mieux informer les employeurs, notamment des petites entreprises, des possibilités de compensation qui existent », a ajouté Dominique Gillot. Rappelons que des structures comme l’Agefiph ont dû toutefois revoir certaines aides à la baisse (prime à l’insertion…), faute de financement.

Autre recommandation de la présidente du CNCPH, favoriser la coordination entre les différents organismes intervenants : Pôle emploi, Cap emploi, les acteurs de la protection sociale… L’IGAS et la Cour des comptes ont aussi préconisé le rapprochement, voire la fusion, de plusieurs de ces structures. Ou encore le pilotage des fonds dédiés à l’emploi des personnes handicapées (Agefiph et Fiphfp) par Pôle emploi.

Communication entre les praticiens


Mais Dominique Gillot prône également une meilleure communication entre les praticiens qui interviennent dans la prise en charge du patient. « Le médecin de ville n’interagit pas avec le médecin du travail, le médecin-conseil [de l’Assurance-maladie] et encore moins avec l’employeur », a regretté l’ex-secrétaire d’Etat aux personnes âgées.

Enfin, la présidente du CNCPH a rappelé qu’il était possible pour le salarié de suivre des actions de formation pendant son arrêt de travail « pour une remise en emploi rapide », tout en insistant sur l’importance de la visite de préreprise. Depuis 2012, un arrêt de travail de plus de trois mois peut, en effet, donner lieu à une visite de préreprise. Mais cette pratique est encore peu répandue.

De fait, le cercle vicieux de la désinsertion professionnelle s’enclenche souvent après un arrêt maladie prolongé. « Selon la Caisse nationale de l’Assurance-maladie des travailleurs salariés, 40 % des salariés en arrêt de travail depuis plus de trois mois en raison de troubles musculo-squelettiques ne reprendront pas leur travail », a alerté Pascale Breton, directrice du pôle Conseil au sein du groupe Previa, lors d’un atelier consacré à cette problématique.

« Les 15 premiers jours se passent plutôt bien… »


Face à des managers qui ne savent pas comment réagir et des collègues mécontents de devoir le décharger d’une partie de son travail, le salarié peine à retrouver sa place. Sans oublier des aménagements de poste parfois insuffisants. « Les quinze premiers jours se passent plutôt bien, c’est après que ça se gâte », a souligné Pascale Breton.

La spécialiste insiste sur la nécessité de sensibiliser les différentes parties au fait que le salarié n’est pas à 100 % de ses capacités et que la reprise va prendre du temps. « Le manager doit aussi faire des points réguliers avec le salarié, tout en se mettant d’accord sur bonne manière de faire pour que ce que ce ne soit pas vécu comme une forme de pression », a recommandé la directrice du pôle Conseil de Previa.

Rappelant qu’il n’est pas illégal pour un employeur de prendre des nouvelles de son salarié, Pascale Breton insiste sur la nécessité de maintenir le lien pendant l’arrêt-maladie : « sans lui parler du travail, il s’agit de lui demander comment ça va, lui dire qu’on pense à lui… C’est simplement de la bientraitance », a souligné la spécialiste. Des recommandations simples, mais pas toujours évidentes pour les parties prenantes.

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