samedi 24 mars 2018

Les médecines alternatives foyers de dérives sectaires ? La Miviludes tire la sonnette d'alarme

| 23.03.2018


Les médecines complémentaires et alternatives seraient de plus en plus un foyer pour les dérives sectaires. C’est en tout cas ce qui ressort du rapport d’activité de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) remis vendredi.
La Miviludes donne notamment la ventilation des demandes qui lui sont adressées par types de mouvement, et la médecine complémentaire et alternative arrive en tête avec 214 signalements en 2015 et 395 en 2016« Le champ des pratiques curatives représente une majeure partie de l’activité de la Miviludes et du secteur associatif », note la mission interministérielle dans son rapport. Elle fait par ailleurs un focus sur deux méthodes « particulièrement inquiétantes » : le reiki et la kinésiologie. Deux techniques qui « connaissent un développement sans précédent en France », souligne le rapport. « Les victimes sont souvent confrontées à des fragilités psychologiques dues à des difficultés en lien avec leur vie personnelle ou professionnelle. Elles se mettent en quête de bien-être ou de guérison et trouvent en face d’elles des offres pléthoriques », explique la Miviludes.

D’après la définition donnée par le rapport, le reiki est « une technique de guérison par imposition des mains » qui « fait du praticien initié à la technique un simple médium permettant au patient de rétablir la force vitale garante de sa bonne santé ». La kinésiologie est « une méthode de thérapie holistique inspirée par la médecine chinoise ». La Miviludes rappelle que ces deux techniques ne sont pas reconnues par l’État et les instances sanitaires, la kinésiologie a notamment fait l’objet d’un avis sévère de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes qui la considère comme « une dérive thérapeutique ». En marge des formations reconnues, cela signifie donc que « n’importe qui peut se déclarer « kinésiologue » ou « maître reiki » et enseigner ces techniques », souligne la Miviludes.
Des processus de mise sous emprise
Dans son focus, la Miviludes décrit les mécanismes de « mise sous emprise » qui apparaissent dans les cas signalés. La mission constate que le processus consiste à « valoriser la victime pour mieux asseoir l’emprise du gourou thérapeute »« Il s’agira de convaincre l’adepte qu’il est exceptionnel et que pour aller mieux et retrouver son énergie, sa joie de vivre et tout son potentiel, il devra se séparer de son conjoint, de couper de ses amis, et surtout suivre des stages, généralement coûteux, mais nécessaires pour accéder au bien-être », détaille la Miviludes.
Stages de plusieurs milliers d’euros, ruptures familiales et amicales, retour à la nature, admiration du patient envers le thérapeute, possibilité pour le « patient » de devenir lui-même « formateur », sont les éléments qui ressortent de façon récurrente dans les témoignages des victimes. « Les techniques de mise sous emprise ne sont pas propres au reiki ou à la kinésiologie. Elles sont souvent utilisées dans le cadre des faux souvenirs induits », précise la Miviludes, qui donne pour exemple le cas de cette kinésithérapeute condamnée en 2017 pour avoir suggéré fortement à une de ses victimes qu’elle avait dû être abusée par son père lors de son enfance et qu’elle avait une relation incestueuse avec son frère.
Apparition dans les établissements de santé
Contre ces médecines alternatives, la Miviludes tire donc la sonnette d’alarme, d’autant plus qu’en quête de respectabilité, ces pseudos-thérapeutes n’hésitent pas à afficher médailles et diplômes sur leurs sites Internet. La mission interministérielle s’inquiète également de voir que ces techniques font leur apparition dans certains établissements de santé, « avec tous les risques que cela peut représenter pour les patients (déstabilisation, perte de chance de guérison) », note le rapport.

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