mercredi 28 mars 2018

L’Australie à l’heure de la neuro-imagerie du futur

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En combinant l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et l’intelligence artificielle, les neuroscientifiques australiens espèrent pouvoir, dans le futur, fournir un diagnostic personnalisé aux patients.

Sydney
De notre correspondante
L’Australie fait partie des leaders mondiaux en neurosciences, et ses chercheurs du Queensland Brain Institute à Brisbane (est du pays) se targuent d’avoir les meilleurs scanners au monde. Ainsi, grâce à de nouvelles techniques médicales, les chercheuses Marta Garrido et Fatima Nasrallah améliorent sans cesse leurs diagnostics. Leur outil privilégié : l’imagerie par résonance magnétique (IRM), qui permet d’obtenir des vues en deux ou trois dimensions de l’intérieur du corps.

C’est cette technique que veulent de plus en plus utiliser les chercheurs australiens dans un futur proche, pour observer les maladies neurologiques et en comprendre les causes. Ils s’intéressent notamment à la schizophrénie. « Nous essayons avec mon équipe de comprendre les marqueurs biologiques moléculaires de la schizophrénie et quels sont les mécanismes qui ne fonctionnent pas dans le cerveau », explique Marta Garrido, chercheuse au Centre d’imagerie avancé du Queensland Brain Institute. C’est aussi l’IRM qu’utilise l’équipe de la neuro­scientifique Fatima Nasrallah pour travailler sur les cas de démence. Cette maladie, qui touche particulièrement les jeunes, est la première cause de décès chez les femmes australiennes.
Aujourd’hui, grâce à la neuro-imagerie, « nous n’avons plus besoin d’attendre qu’une personne décède pour observer ce qui s’est passé dans son cerveau. L’imagerie par résonance magnétique permet de visualiser l’activité d’un patient, voire de prédire, grâce aux scanners, l’évolution de la maladie », explique la chercheuse, attachée également au Queensland Brain Institute. Les scientifiques concentrent aussi leurs recherches sur les marqueurs biologiques qui pourraient aider à comprendre ce qui se passe dans le cerveau d’un patient « sans avoir à effectuer un scanner ». L’objectif final étant de pouvoir, en un deuxième temps, « éviter la progression des maladies en observant très tôt l’activité du cerveau, avant même les symptômes », commente Fatima Nasrallah.
« Combiner l’imagerie cérébrale et l’intelligence artificielle, c’est l’avenir des neurosciences », affirme Marta Garrido. Pour étudier et analyser le processus des maladies psychiatriques, les chercheurs pratiquent la « psychiatrie informatique », qui repose sur l’utilisation de l’intelligence artificielle. Le but étant de procéder à une « médecine personnalisée », de précision, qui se concentre sur chaque individu et sur ses réactions aux traitements proposés. « Jusque-là, le diagnostic de la schizophrénie était basé sur les comportements des individus et sur des entretiens avec des psychiatres qui en tirent des conclusions. L’apprentissage automatique (ou machine learning), une technique d’intelligence artificielle, va permettre une grande évolution, grâce à l’observation des activités du cerveau », ajoute l’Australienne.
Sur des patients gravement malades, l’utilisation de cette technique peut être compliquée. En effet, ces patients sont incapables de prendre une décision concernant leur participation à la recherche et le consentement éclairé est donné par un tiers. Une autre question éthique se pose lorsque des centres de recherche du monde entier participent à une même étude, en combinant l’IRM et leurs données d’imageries. Ces partenariats internationaux permettent d’échanger des informations cruciales. Mais des scientifiques demandent qu’une « charte cérébrale » soit établie pour garantir la protection des données personnelles des patients.

Lilas-Apollonia Fournier

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