vendredi 12 janvier 2018

Contre le mal de dos, bouger plus, mais pas n’importe comment

L’Assurance-maladie vient de lancer une campagne invitant à lutter contre les lombalgies et autres tours de rein en choisissant le mouvement plutôt que l’immobilité.
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Dix mille pas et plus. Alors que pendant des années, le maître mot pour lutter contre le mal de dos a été de ­rester au lit, surtout pour les lumbagos aigus, désormais, il a changé : il faut bouger. Tel est le message de l’Assurance-maladie, qui a lancé une campagne fin 2017 sur le thème : « Mal de dos : le bon traitement, c’est le mouvement ! »

Lumbago, tour de reins, mal de dos… presque tout le monde (84 %) a eu ou aura une lombalgie au cours de sa vie. Deuxième motif de consultation chez le médecin généraliste, une lombalgie sur cinq entraîne un arrêt de travail. Son coût atteint un milliard d’euros pour l’assurance maladie et les entreprises. Le plus souvent sans gravité, elle n’en a pas moins de lourdes conséquences, notamment sur la qualité de vie, le sommeil, etc. Le risque est que la douleur devienne chronique.

Or, « pour les douleurs chroniques, il est maintenant démontré que l’activité physique a des effets non seulement sur la douleur, mais aussi sur votre sommeil, votre humeur Il s’agit donc d’un véritable traitement à part entière dont l’efficacité est au moins égale à celle des médicaments », explique le professeur ­Didier Bouhassira dans son livre L’Anti-Douleur, à ­paraître fin janvier (Cherche Midi, 255 p.,).

D’abord pour rompre le cercle vicieux lié à la peur du mouvement (la kinésiophobie), par crainte d’aggraver la douleur. Le repos peut même être plus néfaste qu’utile. En effet, « la réduction d’activité physique, qui entraîne des positions anormales, une faiblesse, voire une fonte musculaire, contribue elle-même à accroître votre douleur », explique ce spécialiste. Cela peut être une baisse de la pratique sportive mais aussi, petit à petit, des activités physiques comme le jardinage, le bricolage, ou faire les courses.


Pratique encadrée


Il est donc fondamental de réintroduire une activité physique, progressivement, même de façon minime. Un constat partagé par le collège américain des médecins dans ses dernières recommandations, publiées en février 2017 dans les Annales de médecine interne : l’exercice et les thérapies alternatives « peuvent fonctionner aussi bien et même mieux que les médicaments, en particulier les opiacés, très peu efficaces, mais qui entraînent un risque de dépendance élevé ».

Le mouvement permet en effet de faire bouger le dos, en étirant et en renforçant les muscles, la force des ligaments, eux aussi atteints par la lombalgie. De plus, il permet d’améliorer la condition physique ­générale, explique l’Assurance-maladie. Une étude publiée dans la revue Cochrane en février 2017 a montré les bienfaits du yoga pour apaiser les maux de dos. Les travaux sur le sujet sont nombreux : faire du Pilates, de la marche rapide, monter les escaliers, nager sur le dos font partie des activités préconisées.

Il est nécessaire d’être encadré par un professionnel, kinésithérapeute, médecin… Des thérapies comportementales et cognitives peuvent aussi aider. Mot d’ordre : pratiquer de façon progressive et régulière, sur la durée. Certains sports sont à ­éviter comme l’équitation, le tennis… Attention, « le danger serait d’aller trop loin, souligne Grégory ­Ninot, ­professeur à l’université de Montpellier, dans une tribune récente dans The ConversationDéfinir la dose, l’intensité et la fréquence des interventions non médicamenteuses pour chaque personne est essentiel pour obtenir des résultats satis­faisants ». Bouger plus, oui, résume-t-il, mais pas n’importe comment.

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