jeudi 20 juillet 2017

L’enfant témoin de violences en est aussi la victime


L’enfant ou l’adolescent témoin de violences au domicile en subit de lourdes conséquences. Les réactions sont très variables d’un enfant à l’autre. Il peut présenter des symptômes anxieux pouvant évoquer un syndrome de stress post-traumatique. Certains enfants vont aller jusqu’à désinvestir les relations sociales, et présenter de véritables dépressions. D’autres au contraire vont présenter une adaptation « de surface », faussement rassurante, se traduisant par une hyper-vigilance. Les capacités attentionnelles et mnésiques sont alors très développées, au détriment des capacités de réassurance. Il s’agit ainsi d’une dyssynchronie entre les aspects perceptivo-cognitif et affectifs du développement psychique de l’enfant. Dans la plupart des cas, la gestion émotionnelle de cette maltraitance va être psychiquement très coûteuse pour l’enfant et le rendra indisponible pour les apprentissages. L’enfant aura lui-même plus souvent recours à la violence. Ainsi, 40 % des adolescents présentant un trouble des conduites ont été témoins de violence. Ils ont également plus souvent recours aux toxiques, et les jeunes filles ont plus fréquemment une grossesse précoce.

On a généralement tendance à considérer la situation des enfants témoins de violence comme moins « graves » que ceux qui en sont la victime directe. Cette mise au point permet de préciser qu’il n’en est rien.  Tous ces enfants subissent en effet des trajectoires très proches.  Les enfants témoins de violence sont d’ailleurs très souvent eux-mêmes victimes de maltraitance physique (15 fois plus que la moyenne nationale). L’évaluation de l’environnement est donc un élément clé de l’examen d’un enfant présentant une souffrance psychique, et plus généralement devant tout changement par rapport à l’état antérieur, signe très sensible dans les cas de maltraitance de l’enfant. Il faut donc chercher à préserver l’enfant de son environnement violent. Ainsi, l’aide aux femmes victimes de violences conjugales fait donc parfois partie intégrante de la prise en charge de l’enfant maltraité.
Dr Alexandre Haroche
RÉFÉRENCES
Medjkane F : Enfants et adolescents exposés à la violence domestique : conséquence pédopsychiatriques et développementales. Séance plénière numéro 4 : maltraitance. Congrès de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (Lille) : 23-24 juin 2017.

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