samedi 10 juin 2017

Les propositions de cinq experts pour que la santé fasse plus de place aux patients

10.06.2017


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SPL/PHANIE
Le premier, Christian Hervé, est professeur d'Ethique médicale, le second, Jean-Luc Plavis, est engagé au sein de l'association François Aupetit sur la maladie de Crohn, le troisième, Pascal Pujol, est oncologue et président de la Société française de médecine prédictive. Ce petit groupe, auquel le laboratoire Pfizer a donné carte blanche depuis septembre, comprenait aussi Me Caroline Zorn, une avocate, spécialisée dans la santé et Laurence Carton, Secrétaire générale de l'AFLAR. Après six mois de réflexion et la consultation en ligne de quelque 350 personnes, acteurs de santé et de la société civile, ce "club des cinq" a fait cette semaine des propositions plutôt décoiffantes pour accroitre le rôle des patients.
À commencer par un renforcement important de la place du patient dans le système de soins : "les professionnels de santé doivent indéniablement adapter leurs pratiques en privilégiant un comportement et des outils à même de susciter un partage de responsabilité et à encourager le dialogue avec leur patientèle", martèlent ces experts. Cette recommandation débouche sur une préconisation phare, déjà réalité à l'étranger : créer une fonction de "Référent patient", chargé d'abord d'accompagner et de conseiller les malades dans le parcours de soins. Mais pas seulement, puisque ces patients médiateurs auraient aussi pour rôle de faciliter la coordination entre soignants.

Le patient acteur du système de santé passerait aussi par la création d'un statut avec valorisation des acquis de l'expérience pour certains. Le petit groupe pousse aussi l'idée d'un "patient enseignant", actuellement déjà sollicité dans certaines facs pour la formation des étudiants en santé. Rôle accru, indépendance, autonomie, mais précisions sur le rôle du patient, car comme le rappelle en substance le Pr Christian Hervé, il n'est pas question de confondre les rôles avec les médecins…
Au-delà, pour ce "cercle de réflexion", revisiter les droits des patients passent aussi par une amélioration de l'accès aux soins pour tous les assurés. Le groupe suggère ainsi la création de "Zones de santé prioritaires", qui seraient à la santé ce que sont les ZEP à l'Éducation nationale. On imagine bien appliquer le concept aux déserts médicaux, et peut-être au-delà, puisque "ces dispositifs seraient définis en fonction des déterminants sanitaires et sociaux", suggère le groupe, évoquant, pour bâtir cette discrimination positive, la prise en compte des taux d'obésité, d'HTA ou de souffrance psychique, mais aussi le taux d'urbanisme, de logement social ou de violence dans tel ou tel bassin de vie.
Pousser télémédecine, équipes mobiles et prévention
Mettre le patient au centre passerait aussi par un coup de pouce appuyé à aux nouveaux modes de prise en charge et à la prévention. Suggestions centrales sur le premier axe : étendre la télémédecine sur l'ensemble du territoire et mettre en place un peu partout des "équipes mobiles véhiculées multidisciplinaires", avec en leur sein, généralistes, spécialistes et paramédicaux. Quant à la prévention, le groupe propose la multiplication de départements qui y seraient dédiés, rattachés aux maisons de santé, par exemple, pour décliner le processus à l'échelle locale.
Après les propositions audacieuses du LIR, il y a quelques mois, ce n'est pas la première fois qu'un groupe de réflexion est mis en place sous l'égide de l'industrie du médicament. Comme si, alors que l'on parle tant du coût des innovations, les responsables du secteur avaient pris conscience que le système de santé devait changer de paradigme pour mieux s'adapter. Chez Pfizer, on pense aussi être d'être en phase avec les priorités du moment, et dans le bon timing au plan politique. Comme l'explique un des responsables du groupe, Jérôme Lyon-Caen : "avec un gouvernement qui a des propositions proches des nôtres, il nous semble que celles-ci sont dans l'air du temps."

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