dimanche 28 mai 2017

Expérimentation des consultations psychologiques gratuites

Paris le 25 mai 2017

Réflexions de l'Inter-Collèges des Psychologues d'Ile-de-France à propos du décret n° 2017-813 du 5 mai 2017 dans le cadre des échanges avec syndicats.
Chers collègues,
Nous avons suivi l’ensemble de vos discussions concernant la parution du décret n° 2017-813 du 5 mai 2017 ce dont nous vous remercions.
Nous sommes revenus sur les échanges qui ont eu lieu à ce propos lors de l'Assemblée Nationale du 27 octobre 2016 et avons noté la position de Marisol Touraine. Concernant l’indication de ces consultations, elle souhaitait à l’époque que l’évaluation se fasse par l’intermédiaire d’un médecin. Le décret constitue donc l'aboutissement de ces discussions.
Une première lecture de cette disposition met en avant la dépendance de la profession au médical. Cependant, il nous parait essentiel de distinguer l’arbre qui cache la forêt. La para médicalisation n’est pas la seule question que soulève cette expérimentation.Nous souhaitons attirer votre attention sur plusieurs points :

Le premier et pas le moindre concerne le forfait :Comment peut-on imaginer réduire le travail clinique à la prescription de 12 séances ? Quelle que soit l’approche utilisée, n’y aurait-il pas là un grave détournement de son éthique ? Comme dirait notre président, de la poudre de perlimpinpin !! Autre aspect, cette possibilité laisserait le jeune et sa famille encore plus démunis après avoir espéré quelques résultats dans le cadre d’une relation transférentielle qui devra s’arrêter brutalement. Il y aurait là une belle occasion de dire que la psychologie ne sert à rien. Comment peut-on accepter une telle dénaturation de la clinique ?
Deuxième point : Toujours dans les échanges précités, il est frappant de constater combien la ministre et certains députés méconnaissent le travail des psychologues hospitaliers et la réalité du terrain. Ne serait-ce pas le moment de rappeler que les psychologues ne sont pas voués uniquement à s’occuper des malaises sans gravité pendant que les psychiatres et pédopsychiatres s’occupent des grandes affections psychiatriques ? Pourrions-nous préciser également l’importance majeure des interventions des psychologues dans les CMP ? Nous savons tous qu’ils y prennent en charge de nombreux patients psychotiques et autistes ainsi que leur famille. Il est certain qu’un bon nombre de psychologues libéraux reçoivent leurs patients dans un esprit de travail similaire, c’est-à-dire ouvert à toute forme de pathologie.
Par ailleurs et comme l’a souligné la CGT dans son courrier à Madame Delaunay, l’impossibilité pour de nombreux psychologues de recevoir les patients en première intention favorise en partie l’installation des listes d’attente dans les CMP. En effet, les psychiatres et pédopsychiatres qui voient leur temps diminué de plus en plus n’ont parfois plus les moyens d’orienter les patients vers les psychologues. Certains de nos collègues ont pu d’ailleurs témoigner qu’ils faisaient parfois acte de présence faute d’orientation pendant que la liste d’attente s’allongeait !
A notre connaissance, aucune large concertation n’a eu lieu au sein de la profession concernant cette question du remboursement. Il est évident qu’elle ne peut faire consensus et qu’elle porte en elle-même les raisons évidentes de graves divisions. Peut-on raisonnablement penser qu’il puisse y avoir remboursement sans para médicalisation ? Il nous semble que ces deux questions sont indissociables dans l’esprit des politiques, des médecins....
Enfin, nous nous interrogeons sur la signification politique de ce décret dans un contexte où les services publics sont mis à mal.
L’Inter-collègesIDF et le Collectif National vont très rapidement mettre le sujet en débat ce dont nous vous tiendrons informés.
Bien cordialement.
Les coordinateurs de l’Inter-collèges IDF 

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