La crainte des maladies cardiovasculaires est fréquente chez les personnes souffrant d’une anxiété anormale vis à vis de leur santé. Le risque de présenter une maladie de cet ordre est grandement influencé par le mode de vie et certains travaux ont montré que 90 % des pathologies cardiovasculaires à travers le monde pourraient être évitées par une meilleure alimentation, la réduction de la consommation de tabac et l’augmentation de l’activité physique. Mais l’anxiété de certains vis à vis de leur santé ne serait-elle pas elle-même pour eux un facteur de risque ?
C’est la question que se sont posée des auteurs norvégiens. Ils ont rapproché la survenue d’une pathologie cardiaque ischémique et le score d’anxiété en rapport avec la santé chez plus de 7 mille personnes, au cours d’un suivi de 12 ans. Les résultats sont édifiants, puisqu’une pathologie cardiaque ischémique est survenue chez 6,1 % des patients indiquant être anxieux au sujet de leur santé, contre 3,0 % des personnes non anxieuses.
Après ajustement pour les facteurs de risque cardiovasculaires, le risque reste supérieur de 70 % pour une personne anxieuse au sujet de sa santé (Hazard Ratio 1,73 ; intervalle de confiance à 95 % 1,21 à 2,48).
Le risque de maladies cardiovasculaires augmente avec le niveau d’anxiété
L’examen attentif des données montre que ce risque augmente régulièrement avec la gravité de l’anxiété.
Il montre aussi que les personnes ayant un haut niveau d’anxiété vis à vis de leur santé pratiquent moins d’activité physique intense que les autres, et sont plus souvent fumeurs. Le fait d’une moindre activité physique peut s’expliquer par leur crainte d’un accident cardiaque. En revanche, leur plus grande propension au tabagisme peut paraître paradoxale, à moins de supposer que le tabac joue pour eux le rôle d’un anxiolytique.
Cette étude illustre bien le dilemme devant lequel se trouvent les praticiens, entre la nécessité de rassurer des patients anxieux en leur affirmant que leurs symptômes ne sont que des manifestations de cette anxiété, et le fait que l’on sait maintenant que l’anxiété est elle-même associée à un risque supérieur de pathologies ischémiques. Elle illustre aussi la nécessité pour ces patients de traiter leur anxiété et d’adopter les règles hygiéno-diététiques préconisées en prévention du risque cardiovasculaire.
Dr Roseline Péluchon
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