samedi 15 octobre 2016

Fontainebleau : découvrez l’incroyable village de Chomo, le Dali de la forêt

Île-de-France & OiseSeine-et-Marne Fontainebleau Pascal Villebeuf 14 octobre 2016
Chomo, artiste comparé à Salvador Dali par le réalisateur Antoine de Maximy, était aussi un écologiste d’avant-garde qui a vécu en ermite pendant 40 ans dans la forêt de Fontainebleau. En phot, une de ses oeuvres.
LP/PASCAL VILLEBEUF
Découvrir un artiste génial et hors du commun, qui vécut en ermite au cœur de la forêt de Fontainebleau pendant quarante ans. Voilà ce que vous pouvez faire ce samedi après-midi en venant admirer le village préludien de Chomo, artiste surdoué qui produisit des milliers d’œuvres d’art à partir de matériaux recyclables puisés dans les décharges et poubelles environnantes. Pour dénicher son antre, rendez-vous dans le Massif des Trois Pignons, à Achères-la-Forêt. L’occasion d’y admirer notamment les bâtiments qu’il édifia à base de troncs d’arbres, de plâtre et de bouteilles de verre ou de carcasses de voitures, comme l’église des pauvres, le refuge ou le sanctuaire des Bois Brûlés.

Achères-la-Forêt. Le refuge de Chomo. L’un des bâtiments construit par l’artiste avec des matériaux de récupération, dont des bouteilles de verre colorées. (Association des Amis de Chomo).
Un de ses plus grands admirateurs n’est autre qu’Antoine de Maximy, le réalisateur et héros de l’émission culte « J’irais dormir chez vous ». Il a rencontré Roger Chomeaux dit Chomo au début des années 1980. « Je débutais dans le métier de réalisateur. Et avec mes économies je louais des caméras pour tourner un film sur Chomo. Ce qui m’a scotché, c’est sa folie et son génie de la création. Il ne faisait jamais la même chose. Il inventait un style à chaque fois. Je pense que l’on peut le comparer à Salvador Dali. Il faut absolument trouver un endroit permanent pour montrer ses œuvres au public ! »
Parmi ses œuvres des années 1980, des sculptures en béton cellulaire, issus de morceaux abandonnés dans les décharges. (Association des Amis de Chomo).
Né en 1907 dans le Nord et décédé à Achères-la-Forêt en 1999, « Chomo fait partie des artistes inclassables en France, laissés au bord de la route et méprisé par le réseau de l’art contemporain », ose dire Geneviève, sa fille. Elle se rappelle un souvenir des années 1960, quand son père exposait à Paris dans une galerie à Saint-Germain-des-Prés. « Il avait connu un beau succès, se souvient-elle. Même Jean Cocteau était venu le voir. »
Roger Chomeaux, qui avait fait l’école des Beaux-Arts de Paris, fut d’abord artiste décorateur pour une grande firme de tapis. Revenu de captivité en Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale, il décide de ne se consacrer qu’à la création artistique. Dès les années 1960, il choisit de vivre en ermite en forêt de Fontainebleau. (Association des Amis de Chomo).
D’après elle, l’originalité de son père tient à « son utilisation de tous les matériaux possibles de récupération pour travailler : bois, pierre, métal, plastique, etc. Selon moi, c’est un génie qui doit être reconnu ! »
Samedi après-midi, le public pourra rencontrer la fille de Chomo et Laurent Danchin, critique d’art, spécialiste de l’art brut, grand connaisseur de l’œuvre de Chomo : « Je l’ai beaucoup fréquenté de 1975 à 1983. Je lui ai consacré plusieurs ouvrages. » Ces dernières années, de grandes expositions ont quand même été consacrées à Chomo, comme à la Halle Saint-Pierre en 2010, un musée de Paris consacré à l’art brut.
Pour vous rendre au village d’art Préludien à partir de Fontainebleau, prendre la D 652 vers Malesherbes. Puis à Ury, prendre la direction du Vaudoué et Achères. Le village Chomo est dans le hameau Paris Forêt. Entrée gratuite de 14 heures à 18 heures.

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