samedi 15 octobre 2016

Dans la tête d’un schizophrène

15/10/2016


Paris, le samedi 15 octobre 2016 – Parmi les sujets qui passionnent la toile autour du comportement "idéal" des professionnels de santé, certains tentent de déterminer si le soignant doit ou non se "mettre à la place" de celui qu’il soigne. Attitude dangereuse qui empêche de conserver la distance et le recul nécessaires au soin et qui n’est par ailleurs pas souhaité par beaucoup de patients, selon les uns, méthode nécessaire pour accroître l’essentielle empathie selon les autres.
Au-delà de ces considérations, il est probable que le dialogue avec certains malades peut être rendu plus complexe en raison de la difficulté de mesurer ce qu’éprouve l’autre, de comprendre comment sa pathologie modifie ses perceptions. C’est particulièrement le cas en ce qui concerne les maladies mentales.

Un outil pour le moment réservé aux professionnels

C’est pour répondre à cet écueil que les laboratoires Janssen ont travaillé avec le CHU de Rennes à l’élaboration d’un programme de réalité virtuelle dont l’objectif est de « simuler» la schizophrénie.
Equipé d’un casque (le simulateur oculus), le sujet est plongé dans trois situations de la vie quotidienne : devant la télévision, dans un bus ou dans une vidéothèque. Son évolution dans ces trois milieux est parasitée par un certain nombre des impressions négatives qui hantent les patients atteints de schizophrénie : hallucinations auditives et visuelles, sentiment de persécution et de stigmatisation. Ainsi, l’utilisateur peut-il mieux mesurer les perceptions d’un patient et comprendre son réflexe d’isolement. Le système est aujourd’hui destiné aux psychiatres et aux professionnels de santé dédiés à la santé mentale afin de renforcer leur connaissance autour de la maladie. Le simulateur ne permettra cependant pas d’appréhender la spécificité de chaque patient. S’il était proposé à un public élargi, le dispositif pourrait également permettre de lutter contre certaines idées reçues et contre la discrimination. C’est le sentiment du psychiatre Yann Hodé du centre hospitalier du Jura Bernois.
Léa Crébat

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