samedi 24 septembre 2016

Quand la conception d’une ville influence la santé des habitants

24.09.2016
Qui n’a pas souhaité vivre dans un quartier bien desservi par les transports publics avec l’épicerie en bas de la rue ? Une récente étude du Lancet  publiée vendredi nous donne une idée des bénéfices sur la santé qu’apporterait un nouveau modèle de ville plus compacte où les distances seraient plus courtes et les commerces accessibles à pied. Ces travaux sont aussi présentés à l’Assemblée générale des Nations Unis ce même jour. Ils démontrent clairement que ces changements réduiraient de manière significative les maladies non transmissibles comme le diabète et les déficiences cardiovasculaires puisqu’ils pousseraient la population à faire davantage d’activité physique et diminueraient la pollution.

Des villes organisées pour fair marcher les habitants
En effet, ces recherches menées par l’université de Melbourne en collaboration avec l’université de Californie à San Diego ont permis d’identifier les interventions clés qui, une fois combinées, permettront d’encourager les citadins à délaisser davantage leur voiture au profit de la marche et du vélo. Il s’agit de prendre en compte non seulement le fait d’avoir des services à proximité, mais aussi de réduire la disponibilité des places de stationnement et augmenter leur coût. Concevoir des quartiers sûrs, attrayants et pratiques pour les transports publics reste une autre piste à suivre.
D’après ces observations, les auteurs ont donc mis au point un modèle citadin où la densité et la diversité d’utilisation des territoires croissent de 30 %. La distance des usagers pour parvenir aux transports en commun chute de 30 % et l’utilisation de son véhicule personnel de 10 %. Les scientifiques ont fixé ces objectifs car ils sont réalisables dans la plupart des villes. Par exemple, à Melbourne, près de 14 % des voyages au moyen de véhicules privés motorisés constituent un parcours de moins de 5 km. Passer de la voiture à la marche, au vélo, ou au métro paraît donc parfaitement faisable.
Ce travail de modélisation a été appliqué à 6 villes : Melbourne, Londres, Boston, Sao Paulo, Copenhague et Delhi. Les chercheurs ont ensuite estimé les gains potentiels sur la santé des habitants. Les résultats sont assez frappants avec une baisse du poids des maladies cardiovasculaires de 19 % à Melbourne, 13 % à Londres et 15 % à Boston. Uneréduction du fardeau du diabète de type 2 se chiffre à 14 % à Melbourne, 11 % à Boston et 7 % à Londres.
En revanche, l’équipe prédit une hausse de 6 % à Melbourne, 10 % à Londres et 5 % à Boston du nombre d’accidents pour les piétons et les cyclistes. Cependant, séparer ceux-ci des routes empruntées par les voitures compense cette recrudescence des accidents. Certaines agglomérations ont déjà progressé à ce niveau en augmentant le trafic pédestre et cyclable. C’est notamment le cas de Bogota, Stockholm ou encore Londres où l’usage de la voiture a chuté de 7 % entre 2004 et 2014.
Trop de monde, trop de voiture, trop de pollution
Ces travaux sont particulièrement importants car de nos jours la moitié de la population mondiale vit en ville et l’urbanisation rapide de certaines régions risquent d’augmenter dans les années qui viennent. « Avec une population mondiale qui atteindra 10 milliards d’habitants d’ici 2 050 et les trois quarts qui vivront en ville, l’aménagement urbain doit faire partie de la solution pour aborder les conséquences négatives sur la santé », souligne le Pr Giles-Corti,un des auteurs. En 2050, les mégapoles américaines chinoises ou indiennes vont voir leur population croître respectivement de 33 %, 38 % et 96 %. L’accroissement de la population urbaine équivaut à une demande accrue de systèmes de transports. L’étalement résidentiel aux États-Unis, comme en Australie ou en Nouvelle-Zélande limite les déplacements journaliers à pieds ou à vélo et augmente le coût de la mise en place de transports publics. D’autre part, l’usage de la voiture s’accroît énormément au Brésil, en Chine ou en Inde, ce qui engendre une hausse de la pollution et une diminution de l’activité physique dans la population. Tout cela provoquerait un accroissement des maladies chroniques. 
« L’aménagement des villes peut affecter la santé de manière positive ou négative. Malheureusement, il est clair que beaucoup de dirigeants de ces mégalopoles dans le monde n’appliquent pas les leçons tirées des recherches pour faire de ces villes des endroits aussi sains que possible », conclut le Pr James Sallis, un des auteurs.
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