vendredi 10 juin 2016

Un livre blanc de la FHF encourage le recrutement des paramédicaux en situation de handicap



Devenir infirmière ne devrait plus être un rêve inaccessible pour les personnes handicapées. Dans un livre blanc, la FHF propose pour cela d'adapter les formations, les concours d'entrée ou encore les stages des paramédicaux. Plus largement, l'étude réalisée en amont démontre la nécessité de changer le regard des professionnels.

Avec son livre blanc relatif à l'accessibilité des instituts de formation paramédicale aux étudiants en situation de handicap, la FHF affiche la volonté d'inverser les tendances en la matière. Un de ses objectifs est notamment de favoriser le recrutement des paramédicaux en situation de handicap. Ces derniers, dans la fonction publique hospitalière (FPH), se retrouvent essentiellement dans un processus de maintien d'emploi. L'outil remis ce 26 mai à Ségolène Neuville à l'occasion de la Paris Healthcare Week, contient vingt-huit préconisations institutionnelles et opérationnelles (lire encadré) et six fiches pratiques. Ce qui a fait dire à la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion que la force de ce document est de montrer officiellement que désormais "les métiers du soins sont compatibles avec le handicap". Ce qui constitue une petite révolution.

Des résistances demeurent

Elle a en effet rappelé qu'en 2014, la Conférence nationale du handicap avait permis que 10 millions d'euros soient consacrés à la mise en accessibilité des consultations des personnes handicapées. L'étape suivante vise les professionnels, en intégrant un peu plus encore au cœur même des équipes les problématiques du handicap. Cela suppose, a reconnu Ségolène Neuville, un vrai "changement de regard" car la FPH "peine à former et à recruter des professionnels paramédicaux en situation de handicap".


Face à ce constat, plusieurs explications sont apportées par la fédération. Il existerait encore une forte confusion entre inaptitude et handicap. Pour preuve, les directeurs d'instituts interrogés, dans le cadre de l'étude de la FHF, évoquent majoritairement (52%) "des problématiques d'incompatibilité entre le handicap de la personne et le métier concerné, 2,3% n'envisagent pas la possibilité pour un étudiant en situation de handicap de devenir un professionnel soignant d'intégrer la FPH". Autre caractéristique, la problématique de l'étudiant soignant handicapé semble mal identifiée. La FHF illustre ce constat en relevant que cette thématique est rarement présente dans les documents produits par les instituts de formation (règlement du concours, règlement intérieur, projet pédagogique, livret d'accueil...).

Les instituts de formation paramédicaux ne sont qu'une étape

Alors pour casser tous ces préjugés et ne pas seulement publier un rapport de plus sur le sujet, la FHF propose non seulement dans son livre blanc des préconisations mais elle les associe à des pilotes identifiés. Parmi eux figurent par exemple : la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), le secrétariat général des affaires sociales (Sgas), la DGOS, les instituts de formation ou encore le fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). Il y a un peu moins d'un an, la fédération avait lancé le débat en diffusant en partenariat le film Handicap et emploi à l'hôpital. Le livre blanc ne le clôt pas, il le poursuit. En conclusion, la FHF prévient : "L'accessibilité des instituts de formation si elle demeure un prérequis, ne constituera pas l'unique réponse à apporter à l'insertion des personnes en situation de handicap dans la fonction publique hospitalière." Ségolène Neuville a de son côté indiqué que la Haute Autorité de santé (HAS) travaillait actuellement sur des recommandations pour améliorer la capacité des équipes soignantes à accueillir des personnes en situation de handicap.

Les préconisations du livre blanc

Le livre blanc relatif à l'accessibilité des instituts de formation paramédicale aux étudiants en situation de handicap diffusé par la FHF se structure autour de quatre grands axes. Quelques exemples de préconisations.

L'orientation vers les formations paramédicales :

  • clarification de la responsabilité institutionnelle du suivi ;
  • sensibilisation des acteurs ;
  • construction d'un partenariat FHF-Fédération des associations, des groupements et établissements pour la réadaptation des personnes en situation de handicap (Fagerh) ;
  • promotion des passerelles entre les instituts de formation et les centres de réadaptation professionnelle.

L'aménagement des conditions de concours d'entrée :

  • clarification règlementaire ;
  • détermination des modalités de financement de la compensation au moment du concours ;
  • possibilité de mise en place d'une équipe mobile pluridisciplinaire experte/ressource ;
  • promotion de la mutualisation de aménagements de concours ;
  • engagement une réflexion nationale ;
  • sensibilisation des médecins ;
  • association du service de santé au travail aux conseils pédagogiques ou techniques des instituts.

La formation des étudiants en situation de handicap :

  • intégration systématique des modalités d'accès du service universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé (Sumpps) et de la mission handicap aux conventions tripartites des formations universitarisées ;
  • communication sur la nécessité pour l'étudiant de transmettre au plus tôt ses besoins de compensation ;
  • clarification des leviers mobilisables pour renforcer le suivi médical des étudiants des formations paramédicales et préciser les attendus.

La mise en œuvre des périodes de stage :

  • possibilité envisagée d'intégrer, dans le recensement des bénéficiaires de l'obligation d'emploi, les étudiants en stage afin de renforcer le caractère incitatif de l'accueil de stagiaires en situation de handicap ;
  • sensibilisation des conseillers pédagogiques régionaux ;
  • anticipation de l'organisation des stages ;
  • rappel de la possibilité pour les directeurs de mobiliser l'article 46 du décret du 21 avril 2007 visant à interrompre la formation d'un étudiant en cas d'inaptitude physique ou psychologique mettant en danger la sécurité des patients ;
  • sensibilisation des équipes d'accueil au sein des terrains de stages ;
  • renforcement de la connaissance des aides du fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) et de l'Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph).
Lydie Watremetz



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