mardi 7 juin 2016

L’emmaillotement des nourrissons, une « nouvelle » mode dangereuse ?

06/06/2016


Après avoir disparu dans les années 1960, l’emmaillotement des petits nourrissons revient en France, via les pays anglo-saxons. L’enveloppement du tronc et des quatre membres en extension a un effet apaisant. La nuit, il accroît le temps de sommeil calme et réduit le nombre des réveils nocturnes. Cependant, il est accusé de favoriser la luxation de hanche et la mort subite du nourrisson [MSN]. Une revue systématique de la littérature évalue le risque de MSN chez les nourrissons emmaillotés pour la nuit.
Quatre études cas-témoins de bonne qualité ont été « poolées » pour une méta-analyse sur données individuelles. Deux d’entre elles avaient conclu que l’emmaillotement augmentait le risque de MSN. La méta-analyse porte sur 760 « cas » (les bébés décédés de MSN) et 1 754 témoins.

Le taux d’emmaillotement dépendait de l’âge, avec un pic vers 2 mois et une décroissance rapide entre 4 et 6 mois. Globalement, il était plus élevé chez les cas, la nuit de leur décès, que chez les témoins, une nuit de référence (17,5 % versus 10,8 %, respectivement).
Le risque de mort subite était significativement augmenté par l’emmaillotement. Dans un modèle à effets fixes, l’Odds Ratio [OR] de la MSN, ajusté sur l’âge, était estimé à 1,53 (Intervalle de Confiance 95% [IC 95 %] : 1,18 – 1,97 ; p = 0,001) chez les nourrissons emmaillotés des quatre études, et encore à 1,38 (IC 95 % = 1,05-1,80 ; p = 0,02) après exclusion de l’étude la plus récente, qui était la principale source d’hétérogénéité.

Emmailloté et couché sur le ventre : un risque maximal de mort subite

Le risque de mort subite lié à l’emmaillotement dépendait de l’âge des nourrissons et de la position dans laquelle ils étaient installés pour dormir (précisée dans 3 études). L’emmaillotement comportait un risque maximum de MSN chez les nourrissons – peu nombreux - toujours emmaillotés au-delà de l’âge de six mois. Par rapport au non-emmaillotement et au coucher sur le dos, la combinaison de l’emmaillotement et d’un coucher sur le ventre – heureusement rare- était la plus dangereuse (OR = 12,99 ; IC 95 % : 4,14 – 40,77), mais la combinaison de l’emmaillotement et du coucher sur le dos restait dangereuse (OR = 1,93 ; IC 95 % : 1,27-2,93).
Enfin, sur les 16 enfants emmaillotés décédés et retrouvés en position ventrale, cinq avaient tourné de la position dorsale à la position ventrale ; ils étaient tous âgés de plus de 15 semaines.
L’hétérogénéité des études, le flou sur la définition de l’emmaillotement et la difficulté à contrôler les autres facteurs de risque de MSN tempèrent quelque peu la portée de ces résultats.
Ces réserves faites, on peut conclure que l’emmaillotement semble augmenter le risque de MSN. Les auteurs donnent deux conseils négatifs aux parents adeptes de l’emmaillotement :
- ne pas coucher les nourrissons emmaillotés sur le ventre ou sur le côté (pour ne pas rajouter un facteur de risque de MSN)
- et ne pas continuer l’emmaillotement après l’âge de 4 mois, les nourrissons devenant capables de tourner du dos sur le ventre entre 4 et 6 mois.

Dr Jean-Marc Retbi
RÉFÉRENCE
Pease AS et coll. : Swaddling and the risk of sudden infant death syndrome: a meta-analysis. Pediatrics 2016; publication avancée en ligne le 9 mai. DOI: 10.1542/peds.2015-3275

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