mardi 9 février 2016

Il y a un « remodelage » de la structure cérébrale après électroconvulsivothérapie

02/02/201

Une recherche réalisée au Danemark vise à évaluer le rôle de la « plasticité de l’hippocampe » dans l’effet antidépresseur de l’électroconvulsivothérapie (ECT). À cette fin, les auteurs s’appuient sur l’imagerie par résonance magnétique, incluant l’imagerie du tenseur de diffusion et la spectroscopie par résonance magnétique[1] (permettant une exploration non invasive du métabolisme cérébral) pour étudier le volume de l’hippocampe et observer des changements métaboliques chez 19 patients (6 hommes et 13 femmes, âgés de 18 à 70 ans) recevant une ECT pour une dépression sévère rattachable à un trouble de type unipolaire ou bipolaire. L’intensité de cette affection est appréciée par l’échelle d’Hamilton en 17 items (HAM-D17)[2], l’inventaire de la dépression de Beck (Beck Depression Inventory) et l’échelle du stress ressenti de Cohen et Williamson (Perceived Stress Scale)[3].

Outre l’hippocampe, d’autres parties du cerveau ont retenu l’attention des investigateurs : l’amygdale, le cortex préfrontal dorsolatéral, le cortex orbitofrontal et l’hypothalamus. Trois bilans d’imagerie par résonance magnétique ont été pratiqués : un premier bilan avant l’ECT, un second une semaine après l’ECT, et un troisième trois semaines plus tard. On observe une « augmentation significative » du volume de l’hippocampe » et de l’amygdale une semaine après l’ECT, et encore plus marquée sur la dernière session d’imagerie cérébrale. Au contraire, une diminution de volume affecte le cortex préfrontal dorsolatéral, mais de façon transitoire, à l’imagerie réalisée une semaine après l’ECT. Quant à d’éventuelles modifications concernant le métabolisme cérébral, les auteurs ne remarquent « aucun changement significatif. »
Au total, il semble que l’ECT suscite un « remodelage transitoire » de la structure cérébrale ne se cantonnant pas exclusivement à l’hippocampe, mais affectant aussi «d’autres régions du cerveau connues pour être concernées dans la neurobiologie de la dépression, comme l’amygdale et le cortex préfrontal dorsolatéral. Cette neuroplasticité concerne des zones du cerveau impliquées dans la régulation affective, mais en raison de « l’absence de corrélation » avec l’effet antidépresseur de l’ECT, le remodelage cérébral ne paraît pas « sous-tendre directement » cet effet antidépresseur.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
A. Jorgensen & coll.: Regional brain volumes, diffusivity, and metabolite changes after electroconvulsive therapy for severe depression. Acta Psychiatrica Scandinavica; 2016: 133: 154–164.

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