samedi 8 août 2015

Vers la légalisation de l'avortement thérapeutique au Chili

07.08.2015

Le Congrès chilien vient d’approuver un premier texte visant à dépénaliser l'avortement en cas de risque pour la vie de la mère, de malformations ou de grossesse issue d'un viol. L'interruption de grossesse a été totalement interdite en 1989 par le général Augusto Pinochet juste avant qu’il ne quitte le pouvoir. Et malgré le retour de la démocratie en 1990, cette décision n’a pas été modifiée depuis sous la pression de l’église catholique.


Aujourd’hui, cependant, par 8 votes pour et 5 contre, une commission parlementaire a accepté de légiférer sur le projet de loi, soumis au Congrès le 31 janvier dernier par la présidente socialiste Michelle Bachelet. Celle-ci, médecin de formation et ancienne responsable d'ONU-Femmes, avait alors affirmé que « les faits montrent que l'interdiction totale et la criminalisation de toute forme d'interruption de grossesse n'ont pas empêché, ni n'empêchent sa pratique dans des conditions de haut risque pour la vie et la santé des femmes ». Actuellement, près de 16 000 femmes sont hospitalisées chaque année au Chili pour des grossesses de moins de 22 semaines présentant un danger pour leur vie ou parce que le fœtus souffre de malformations incompatibles avec la vie.

Le texte devra être voté en séance plénière avant d'être examiné article par article. La procédure qui a été précédée d'interventions de médecins et de responsables politiques a été suivie devant le Congrès qui siège à Valparaiso par des militants pro-avortement et des opposants au projet de loi. Cette première approbation du texte est nécessaire pour légiférer sur un sujet particulièrement polémique au Chili, un des pays les plus conservateurs d'Amérique latine, où le divorce, par exemple, n'a été approuvé qu'en 2005.

Si la loi est adoptée, l'avortement thérapeutique nécessitera le diagnostic d'un médecin, entériné par un autre praticien, mais l'avis d'un seul suffira si la femme court un risque imminent. Le droit à l'objection de conscience est également reconnu au médecin.

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