vendredi 24 juillet 2015

Si « Le Généraliste » était paru en juin 1902 Le chloroforme employé contre la simulation

17.06.2015


« Il y a quelque temps, on a fait grand cas, dans la “Chronique Médicale ”, du Pr Duplouy qui a eu recours à la chloroformisation pour résoudre un cas de surdi-mutité. Voulez-vous me permettre de rapprocher de ce cas l’idée que j’eus moi-même, mais en 1887 seulement, de soumettre à ce même mode d’anesthésie un jeune soldat atteint de “ mutisme ” pour moi fort douteux.

Dans ce cas, que j’essaie de reconstituer avec le seul concours de souvenirs lointains, il s’agissait d’un militaire mis en observation dans le service de mon maître, le Pr Kiener, à l’hôpital Saint-Eloi de Montpellier. Sujet bien découplé, sans tares physiques autres que ce “ mutisme ”, mais une nature violente, exaltée, des emportements de caractère, etc.

J’ai plusieurs fois tenté de me dissimuler et de surprendre une conversation car ce sujet ne faisait nullement « bande à part » ; il me fut impossible de percevoir le moindre mot. Une enquête au sujet de ses nuits m’apprit qu’on ne l’entendait pas. Enfin, m’adressant directement à lui, je ne pus rien obtenir : aphonie complète, pas le moindre son.

Cette dernière remarque, l’étude de son passé… me suggérèrent de recourir à l’anesthésie chloroformique.
Mon maître Kiener que je n’avais fait que suivre dans toutes ces investigations, s’y refusa totalement, arguant de la barbarie (sic) de ce moyen et de la véritable répugnance qu’il avait de recourir à de tels procédés. Le sujet, si mes souvenirs ne me trompent, fut réformé. J’ai perdu complètement sa trace. » (Dr Batigne)

Réponse du Dr Léon Imbert :
« Il n’est rien de nouveau sous le soleil et le procédé des Docteurs Warden et Duplouy pour déjouer la simulation des maladies avait été employé bien longtemps avant eux. Je me souviens d’avoir lu dans le livre de Bouisson sur l’anesthésie – paru depuis cinquante ans à peu près – qu’il avait ainsi reconnu chez un militaire une surdité simulée. Il ne faut pas faire du reste un grand effort d’imagination pour avoir l’idée d’une épreuve de ce genre. En revanche, je pense que bien peu de nos confrères seront disposés à la mettre en pratique. L’anesthésie présente toujours des dangers et la dernière discussion de la Société de Chirurgie a bien montré que l’on n’avait jamais avec elle une sécurité absolue ; cette vérité n’est pas nouvelle, mais il est bon de la rappeler de temps à autre. Or je ne pense pas que le médecin, militaire ou civil, soit autorisé à rechercher la simulation par un procédé qui peut mettre en péril la vie du sujet. »

(La Chronique Médicale, juin 1902)

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