mardi 12 mai 2015

Tea time pour la dépression

06/05/2015


L’expression « tempête dans un verre d’eau » est rendue en anglais par « storm in a teacup », orage dans une tasse de thé. À la lecture d’un article paru dans The Australian & New Zealand Journal of Psychiatry, on peut se demander si cette expression (ayant inspiré la chanteuse britannique Lynsey de Paul) [1] ne prendrait pas désormais une connotation inattendue, puisqu’elle serait d’ordre thérapeutique !
En effet, une équipe de l’Université Huazhong (à Wuhan, Chine) a consacré une méta-analyse au rôle protecteur du thé en matière de dépression.
Portant sur 11 études concernant près de 23 000 participants dont près de 5 000 cas de dépression, cette recherche peut être rapprochée des démarches visant à diversifier les traitements classiques (psychotropes et psychothérapies) en proposant de nouvelles pistes thérapeutiques (jugées parfois peu orthodoxes) contre la dépression : thérapie par la lumière, stimulation magnétique, méditation…
Si l’effet antidépresseur présumé du chocolat a beaucoup été commenté en Occident, celui du thé commence a être reconnu en Extrême Orient : comparativement aux sujets ayant une faible consommation de thé, cette publication souligne que ceux faisant un usage plus important de ce breuvage ont un risque minoré de dépression (Risque Relatif = 0,69 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] 0,63–0,75) et on observe une « association linéaire » entre la consommation de thé et le risque dépressif, avec pour 3 tasses de thé par jour en plus, une diminution de 37 % du risque de dépression (Risque Relatif = 0,63 ; IC95 0,55–0,71).
Ce rôle insolite du thé comme adjuvant d’un traitement antidépresseur est d’autant plus intéressant que l’efficacité de ces médicaments n’est pas toujours acquise d’emblée, rappellent les auteurs, puisque « seulement un sujet déprimé sur trois répond au premier antidépresseur prescrit, sans parler des effets indésirables. »
D’autre part, cette propriété de « protection thymique » du thé concerne une boisson relativement peu coûteuse, très répandue dans le monde (même si la plupart des études analysées ici émanent en fait d’Asie, ce qui limite peut-être leur généralisation), et présentant peu d’effets adverses connus. Les auteurs estiment donc que ce « rôle potentiel » du thé devrait « être reconnu pour le traitement et la prévention de la dépression. »
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Xiaoxin Dong et coll. : Tea consumption and the risk of depression: a meta-analysis of observational studies. Aust N Z J Psychiatry, 2015; 49: 334–345.

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