mercredi 13 mai 2015

Plaidoyer pour la France qui ne tombe pas

LE MONDE |  | Par 


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Voilà un livre revigorant et salutaire, écrit avec fougue, porté par l’élan républicain qui a suivi le drame des attentats parisiens de janvier. Car Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction de Libération, n’y va pas par quatre chemins pour dénoncer tous les défaitistes, déclinistes et autres prophètes de la décadence française, si prisés ces temps-ci : « Il arrive un moment où le dénigrement de son propre pays passe les bornes, où la mauvaise foi des réquisitoires crée l’écœurement. »

Saine colère ! A la France moribonde ou supposée telle, il oppose donc une France vivante qui agit et avance, aux fantasmes il répond par des faits, aux lamentos dépressifs il réplique par une confiance réaliste dans l’avenir du modèle républicain.
Ainsi, contre les tenants d’une identité française malheureuse ou menacée. Balivernes !, répond Joffrin : sous quelque angle qu’on la considère – sa culture vivace, son mode de vie original, sa passion de l’histoire intacte –, « l’identité française se porte fort bien ». Quant à l’obsession de l’islam, qui « hante le paysage mental de la France », elle a certes des racines objectives dont le fanatisme et le terrorisme ne sont pas les moindres ; mais comment ne pas comprendre que cet intégrisme exprime un combat perdu d’avance contre « la force de la culture démocratique » ?

Réaliste et pédagogue

Les « identitaires » sont ainsi la première cible de Joffrin. Leur mélancolie, martèle-t-il, n’est que le dernier avatar en date d’une « idéologie réactionnaire » vieille de deux siècles, née avec la mort de l’Ancien Régime, le triomphe des Lumières et la construction républicaine. Mais les identitaires ne sont pas seuls : les libéraux contribuent largement, de leur côté, au « masochisme national », tant ils noircissent le tableau pour mieux vendre leur « projet inégalitaire » et les sacrifices qu’il implique pour les plus faibles.

Là encore, Joffrin se veut réaliste et pédagogue. Les maux de l’économie française sont connus, à commencer par un marché du travail mal organisé et un chômage ravageur. Constats à l’appui, il rappelle cependant que la France « reste une grande puissance économique, qu’elle traverse une crise mais qu’elle a tous les moyens de la surmonter ». A condition de ne pas se laisser berner par le « troisième courant du déclinisme français : celui de la gauche sinistre », en clair de la gauche de la gauche qui, elle aussi, noircit la situation pour justifier son « dangereux programme ».

La responsabilité de tous ces Cassandre du déclin français est lourde, fustige Joffrin. Soit ils nourrissent le découragement national et « finissent par faire advenir ce qu’ils dénoncent ». Soit « ils favorisent l’attente chimérique et stérile d’une introuvable rupture, nationaliste avec le FN, ultralibérale avec le Medef, radicale avec la gauche de la gauche ». Dans tous les cas, ils conduisent à l’impasse, alors que la République française est l’une des mieux armées pour relever les défis de l’avenir.


Le Réveil français, de Laurent Joffrin, Stock, 156 pages,

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