dimanche 5 avril 2015

De quoi meurent les nouveau-nés dans les unités de soins intensifs ?

24/02/2015


Dans les pays développés, les décès néonataux surviennent la plupart du temps dans les unités de Soins Intensifs Néonatales [USIN]. Ils sont en règle revus dans des réunions de mortalité-morbidité afin d’améliorer la qualité des soins. Ils peuvent aussi constituer le « matériel » d’enquêtes étiologiques multicentriques.
De novembre 2010 à octobre 2012, sur 2 années, 641 singletons d’âge gestationnel ≥ 22 semaines, nés vivants, sont décédés dans 46 USIN américaines de niveau III. Leurs dossiers ont été analysés dans chaque USIN par un « investigateur principal ».
Quinze pour cent des décès sont survenus au-delà de J28, la limite d’âge de la mortalité néonatale en démographie.
Les causes initiales de décès néonataux comprenaient par ordre de fréquence décroissant : l’extrême prématurité et/ou un très petit poids de naissance (< 25 sem. et < 750 g., respectivement ; 14 % des décès) ; les sepsis (12 %) ; les entérocolites ulcéro-nécrosantes et les perforations intestinales spontanées (11 %), l’hypoplasie pulmonaire (9,5 %), les hémorragies intracrâniennes (9,4 %), la maladie des membranes hyalines (8,0 %),des anomalies létales (7,6 %), l’encéphalopathie hypoxique-ischémique (6,1 %), etc.

L’âge gestationnel influait sur les causes de décès. Chez les grands prématurés (< 28 semaines), les causes initiales de décès étaient le plus souvent l’immaturité et les complications de la prématurité. Chez les nouveau-nés à terme (> 36 semaines), l’encéphalopathie hypoxique-ischémique et les anomalies génétiques et structurelles devenaient prépondérantes.
Dans plusieurs cas, des facteurs autres que la cause initiale contribuaient aux décès. Deux exemples : la limitation des soins à des « soins de confort » chez les extrêmes prématurés considérés comme non viables, et les anomalies rénales associées à une partie des hypoplasies pulmonaires.
Une autopsie n’a été effectuée que dans 11 % des décès, mais elle a fréquemment fait des trouvailles importantes, telles que des micro-organismes et des malformations.
Dans 34 % des cas, la cause initiale du décès retenue par l’investigateur n’était pas mentionnée en premier sur le certificat de décès néonatal, et dans 2 % des cas elle n’y était pas mentionnée du tout, ce qui peut faire douter de la fiabilité des informations tirées des certificats de décès.
Enfin, un ou plusieurs facteurs étaient potentiellement modifiables chez 31 % des enfants décédés, ce qui aurait pu réduire la mortalité :
- une naissance à domicile (2 %) ou en dehors d’un centre périnatal de niveau III (10 %),
- l’insuffisance ou l’absence de soins prénataux (8,9 %),
- l’absence de corticothérapie anténatale alors qu’on avait le temps d’en administrer une (8 % des mères ayant accouché avant 34 semaines),
- une infection nosocomiale (4,8 %) ou un accident iatrogène (3,4 %).

Au total, cette enquête fournit une image plus détaillée des causes de décès des nouveau-nés que les statistiques de mortalité néonatale et elle permet de dégager quelques facteurs susceptibles d’être modifiés à court terme pour réduire la mortalité intra-hospitalière des nouveau-nés.
Dr Jean-Marc Retbi


RÉFÉRENCE
Jacob J et coll. : Etiologies of NICU deaths. Pediatrics 2015; 135: e59-e65

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