jeudi 2 avril 2015

Crash de l’A320 : le diagnostic de dépression est un fourre tout

Le Monde.fr | 
Par Gérard Pommier, psychiatre, professeur de psychopathologie à l'université Paris VII, membre du collectif Anti D.S.M 

Le mardi 24 mars, l'A320 des Germanwings s'écrasait dans les Alpes du sud. Selon les premières nouvelles il s'agissait d'un acte volontaire du copilote. La presse a annoncé assez vite ce qui pouvait en être les motifs. Sur les ordonnances, les papiers chiffonnés d'Andreas Lubitz, de même qu'à partir de ce qui a pu filtrer des dossiers, les journaux ont fait état d'une « dépression » et d'un « burn out ». Trouvera-t-on quelque part un diagnostic plus précis ?

C'est peu probable. Au cas où Lubitz aurait rencontré un psychiatre averti, formé à la psychiatrie classique, un psychiatre encore au moins capable de différencier la psychose de la névrose, ce dernier aurait été obligé d'écrire son diagnostic dans les termes dérivés du D.S.M. 5 de la psychiatrie américaine, qui sont des « non-diagnostics ». Le terme « dépression » veut dire « triste », et cette dépression peut-être aussi bien causée par un deuil normal, qu'être le symptôme d'un état grave. De même « burn-out » veut dire « fatigué », état qui peut recouvrir aussi bien un excès de travail qu'une fatigue psychique de cause indéterminée.


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