jeudi 26 mars 2015

S'assurer après un cancer : « Un parcours humiliant et absurde »

Le Monde.fr | 
Un protocole d'accord mettant en place un « droit à l'oubli » pour les anciens malades du cancer a été signé, mardi 24 mars, au siège de la Ligue contre le cancer, à Paris, en présence du président de la République François Hollande. Aujourd'hui confrontés à des refus ou à des tarifs moins favorables lorsqu'ils souhaitent contracter un prêt bancaire, les ex-malades pourront ne pas déclarer leur ancienne maladie une fois un délai de quinze ans écoulé.

Cette mesure passera par une « amélioration », selon l'Elysée, de la convention Aeras, qui encadre l’accès à l’assurance et au crédit pour les personnes présentant un « risque aggravé de santé ». L'accord prévoit que ce droit à l'oubli s'applique à partir de quinze ans après l'arrêt des soins liés au cancer. Une durée ramenée à cinq ans pour les enfants et adolescents chez qui le cancer serait survenu avant qu'ils aient atteint l'âge de 15 ans. Avant le terme du délai de quinze ans, une « grille de référence » permettra d'assurer au tarif normal des personnes atteintes de « certains cancers », selon l'Elysée.

Des internautes du Monde.fr témoignent de cette « double peine ».

  • « Etre exclue pendant et après la maladie, c'est la double peine », Marie-Christine, 46 ans, Digne-les-Bains
« Le conseiller de notre mutuelle posait un regard apitoyé sur mon cancer et s'adressait à moi comme s'il ne me donnait pas trop de temps à vivre. Aujourd'hui, nous avons renégocié notre prêt initial. J'ai 46 ans. Les assureurs sont impitoyables – conditions, exclusion, rejet du dossier. C'est la double peine, être exclue pendant et après la maladie, même si elle est loin. Le regard posé sur la maladie a changé, mais ceux qui détiennent les cordons d'une bourse vous jaugent comme un cheval, vieux, blessé, donc potentiellement faillible. Je suis vivante, mais nos projets sont freinés, et les assurances décès sont mon seul recours et ne couvrent pas la totalité de notre investissement. »

  • « Le pire aura été de me faire désespérer de mon état de santé », Aude, professeure
« J'ai été confrontée à un refus de prêt bancaire à un âge où ne peut pas vivre sans projet, avec des enfants jeunes. Les médecins étaient très positifs avec moi mais dubitatifs quant à l'utilisation des données qu'ils transmettaient à ma demande. Ils n'avaient pas confiance dans le respect du secret médical au-delà du médecin de la banque. Le refus de la banque a été absolument destructeur car j'étais en rémission, cela m'a presque fait croire que l'on me mentait sur mon état de santé. Je suis devenue une toute petite chose malgré mon salaire, j'ai commencé à m'autocensurer pour tout et je n'étais plus rien sans mon mari. Le pire aura été de me faire désespérer de mon état de santé. »




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire