Des courbes, des sourires las, des lignes alanguies parcourent tous les tableaux du monde, effleurent les phrases des poètes, vagabondent devant les caméras. Les femmes demeurent souvent l’unique objet de ressentiment des artistes du monde entier… quand elles ne sont pas elles mêmes les créatrices de cette représentation à l’infini du « mystère » féminin. On ne voit ainsi pratiquement que des corps de femmes dans la magnifique exposition « La Toilette. Naissance de l’intime » proposée depuis quelques jours au Musée Marmottan à Paris. Georges Vigarello, commissaire de l’exposition l’explique facilement dans les colonnes du Figaro Magazine. « Les peintures illustrant la toilette font principalement figurer des femmes. Il y a trois raisons à cela : au XVIe siècle, la femme représente le beau sexe, le summum de la magnificence humaine. Sa beauté orne l’environnement, l’intérieur des appartements. Ensuite, les nobles représentées dans ses scènes sont les maîtresses du roi ou d'hommes importants. On se plaît à représenter sa maîtresse et à l’exposer, avec un corps qui répond aux canons de beauté de l’époque, qu’il soit ressemblant ou non au sien dans la réalité. Et puis, il y a une certaine part de voyeurisme dans le choix de ne représenter que des femmes à la toilette. À l’époque, la très grande majorité des peintres sont des hommes… » souligne-t-il. Ainsi, dans le sillage de la « Femme à la puce » où l’on retrouve la parfaite maîtrise du clair-obscur de Georges de la Tour, l’exposition permet de découvrir les évolutions et circonvolutions de la toilette. De moment public, elle est devenue une sacralisation de l’intime. Depuis les rites consacrées presque exclusivement à la beauté (notamment des cheveux) où l’eau, redoutée pour les maladies qu’elle pouvait transmettre, était quasiment totalement absente, la toilette s’est installée dans une multitude de gestes techniques et presque scientifiques comme le laisse deviner la présentation des salles de bains modernes à la fin de l’exposition.
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