vendredi 13 février 2015

La HAS exhorte les généralistes à mieux reconnaître les signes du trouble déficitaire de l’attention (TDAH)

12/02/2015

Porter un diagnostic de trouble du déficit de l’attention avec ou sanshyperactivité (TDAH) est une entreprise périlleuse en France, où les professionnels de santé s’écharpent encore au sujet du bien fondé de son existence. La Haute Autorité de santé (HAS) estime pourtant que 3 à 6 % des enfants scolarisés souffrent de ce syndrome « bien réel », mais difficile à identifier… La Haute Autorité a présenté ce jeudi les premières recommandations sur le sujet, à destination des médecins de premier recours.
« Ce sont les médecins généralistes, les pédiatres et les médecins scolaires qui connaissent le quotidien des enfants et de leurs familles, il est donc indispensable de leur donner des repères concrets pour les sensibiliser aux signes révélateurs du TDAH », explique le Dr CédricGrouchka, membre du collège de la HAS, à l’ouverture de la conférence de presse organisée par l’instance nationale. L’apport de ces médecins de première intention est crucial pour que les spécialistes du trouble –pédopsychiatresneuropsychiatres ou autres – puissent établir correctement un diagnostic. »

Un syndrome récent, encore peu connu

Apparu aux États-Unis il y a une vingtaine d’années environ, ce syndrome, que nombreux appréhendent avec méfiance, est encore peu connu des médecins de premier recours. « Dans ma génération à la faculté, on ne parlait pas des troubles de l’apprentissage, du trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, rappelle leDr Dominique Girardon, médecin généraliste qui a coprésidé le groupe de travail à l’origine des préconisations de la HASDonc pour pouvoir se mettre à jour, forcément le généraliste va devoir avoir une démarche personnelle et se former. »
Il est urgent de battre en brèche certains préjugés, par exemple sur la place accordée à l’hyperactivité. Parmi les 3 symptômes du TDAH – le déficit d’attention, l’hyperactivité et l’impulsivité – le déficit d’attention est l’affection prépondérante, rappelle le pédopsychiatre le Dr JeanChambry, l’autre coprésident du groupe de travail. « On parle tout le temps d’enfants hyperactifsparce que "TADH" ce n’est pas facile à utiliser comme terme, mais il faut vraiment essayer d’abandonner cette dénomination. »
La présence des trois symptômes ne suffit d’ailleurs pas. Ceux-ci doivent persister dans le temps et avoir un retentissement dans tous les domaines de la vie de l’enfant. « Il est hors de question de dire que tout enfant agité a probablement un TDAH, que tout enfant dans la lune a unTDAH. De même, l’enfant qui n’aurait des difficultés d’attention que dans le milieu scolaire n’a pas un TDAH, martèle le Dr ChambryCe trouble entraîne aussi des difficultés sévères dans la socialisation. L’enfant et sa famille sont souvent stigmatisés. »

Un diagnostic précoce crucial

L’apport des médecins de premier recours est donc précieux pour que les spécialistes évitent le surdiagnostic mais aussi le diagnostic tardif – car il est indispensable de commencer la prise en charge le plus précocement possible. Le Dr Chambry mentionne un développement accru de complications secondaires, telles qu’un taux plus élevéd’addictions, chez les patients qui ne sont pas pris en charge avant l’adolescence.
Enfin, les médecins sont aussi importants dans la prise en charge du trouble, qui reste non-médicamenteuse pour la grande majorité des patients. Pour les 10 % de patients sous methylphénidate, si les généralistes ne peuvent être les prescripteurs initiaux, ils permettent d’assurer le renouvellement mais aussi de vérifier la bonne tolérance et l’efficacité du traitement.
Clémentine Wallace

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