mercredi 21 janvier 2015

Sous le signe de la schizophrénie

LE MONDE |  | Par 



Nathalie Portman (Nina).

« Black Swan », film de pures sensations de Darren Aronofsky, est un ballet terrifiant, magnifiquement interprété (dimanche 11 janvier à 20 h 45 sur France 4)

L’exquise Nina (Natalie Portman) danse pour une compagnie new-yorkaise dirigée par un roué d’origine probablement française qui a le port avantageux de Vincent Cassel. Nina vit seule avec sa maman, Erica (Barbara Hershey). Elle a passé le quart de siècle, mais dort toujours dans sa chambre de petite fille, pleine de peluches. La retraite approche, et Nina n’a toujours pas dansé de premier rôle. Or Thomas Leroy (Vincent Cassel) a décidé de programmer Le Lac des cygnes, et s’est séparé de sa danseuse étoile (Winona Ryder).

Le double rôle de cygne blanc-cygne noir que le scénario offre à Nina lui ouvre aussi les portes du délire. Dans un New York menaçant, la jeune femme commence à entrevoir un double mystérieux, aussi effrayant que la petite fille en imper rouge qui hantait Venise dans Ne vous retournez pas, de Nicolas Roeg. A la maison, rien ne va plus, Erica se comporte comme une vraie mère de films d’horreur et, dans le studio de répétition, Nina peine à convaincre Thomas qu’elle ferait un bon cygne.


Les portes du délire


Le rôle du cygne est double et devrait être accompagné d’un avertissement le déconseillant formellement aux sujets disposés à la schizophrénie. Entre le chaste cygne blanc et sa version noire et érotique, Nina perd bientôt la tête.

C’est dans ce cerveau enfiévré que Darren Aronofsky s’est glissé et le film entier s’en tient au point de vue de la danseuse folle, sujette à des visions horrifiques. Le spectateur est livré à lui-même, psychiatre de la salle obscure, chargé de déterminer quelle emprise sur la réalité ont les fantasmes de Nina. Le corps de la jeune femme se déforme, se blesse. Elle est la proie de désirs inconnus qui la portent vers sa rivale Lily.

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