jeudi 2 octobre 2014

Les métaphores aux sources de la pensée

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L'essayiste Michael Chorost (Wikipédia@MikeChorost) a publié un long article dans la Chronicle Review sur la connexion profonde existant entre métaphore et langage. Sujet sur lequel le linguiste George Lakoff travaille depuis plusieurs décennies, et qu'il a notamment exposé dans son livre écrit en compagnie de Mark Johnson et publié en 1980, Metaphors We Live by (traduit en français sous le titre : Les métaphores dans vie quotidienne). Pour ce chercheur, en effet, toute notre pensée est conditionnée par notre corps : elle est incarnée. Les chercheurs parlent d'ailleurs de "cognition incarnée" ou embodied cognition.
L'un des exemples les plus puissants de cette pensée métaphorique, selon Lakoff, est la façon dont nous exprimons le temps en fonction de l'espace. Ainsi, les mots "avant" et "après" sont des termes spatiaux utilisés pour exprimer des relations temporelles. Même nos formes de réflexion les plus abstraites procèdent de métaphores issues de notre perception corporelle. Par exemple, l'ensemble des entiers en mathématiques peut-il être perçu comme une ligne dotée d'un point de départ (le zéro), et sur laquelle on peut avancer ou même reculer (les nombres positifs et négatifs).
Lakoff ne s'est pas imposé facilement. Au début de sa carrière, il s'est heurté àNoam Chomsky et à ses disciples qui considèrent le langage comme un système formel de relations câblées dans le cerveau. Mais aujourd’hui, de plus en plus, son point de vue tend à se répandre. Il faut dire qu'il est frappé au coin du bon sens !
Les travaux de Lakoff ne sont pas nouveaux. Mais l’article de Chorost nous parle d'une série d’expériences effectuées en IRM, destinées à tester cette pensée métaphorique. Rappelons ici ce principe de base, souvent oublié : les images IRM ne sont pas paroles d’évangile, ce sont juste des indications...
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Image : George Lakoff

Comment notre cerveau réagit aux métaphores


Dans un article publié en 2011 dans le Journal of Cognitive Neuroscience (.pdf), l'équipe de Rutvik Desai, psychologue à l'université de Caroline du Sud est arrivée à la conclusion que lorsque nous pensons en fonction d'une métaphore utilisant un verbe d'action (par exemple "prendre un râteau"), les zones moteur du cerveau qui lui sont associées tendent à s'activer. Les chercheurs ont également travaillé sur les métaphores texturales : si vous dites : "elle a vécu un moment très dur" les régions du cerveau liées à la perception de la dureté se mettent effectivement en route.

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