mercredi 13 août 2014

Vie professionnelle, vie personnelle : une frontière de plus en plus floue

Le Monde.fr | Par 

L'institut Ipsos a s'est penché pour Edenred sur la perception des nouvelles technologies par des salariés de huit pays européens.

Blurring or not blurring ? Depuis le début de la décennie, la frontière s'estompe de plus en plus entre la vie professionnelle et la vie privée avec la multiplication des smartphones, iPhones, tablettes ou Ipad. Le rapport au travail évolue, et un nouveau mot est même apparu pour l'illustrer : le « blurring », tiré du verbe anglais to blur qui signifie effacer. Toute la question est de savoir comment accompagner ce mouvement.
Pour la première fois, Ipsos avec Edenred, spécialiste des services prépayés aux entreprises, a évalué l'impact de cette mutation auprès de 8 800 salariés interrogés en janvier dans huit pays européens, dans le cadre leur neuvième baromètre annuel présenté mardi 20 mai, pour évaluer le bien être et la motivation des salariés européens.
Premier constat, cette frontière s'efface dans tous les pays. Parmi les personnes interrogées, 67 % reconnaissent être sollicitées par leur travail en dehors des horaires professionnels. A l'inverse, 62 % indiquent régler des problèmes personnels pendant les heures de travail. « Cette proportion est sensiblement la même dans tous les pays quelles que soient les cultures », reconnaît Antoine Solom, qui a mené l'enquête pour Ipsos.
Il en va de même pour l'impact des nouveaux outils de communication sur l'amélioration de la qualité de vie au travail : 68 % des personnes interrogées insistent sur ce côté positif et ce sentiment est majoritaire dans toutes les tranches d'âges des plus jeunes aux seniors.

DES DRH VONT TOMBER DE LEURS CHAISES
« L'intrusion de la technologie dans l'entreprise et les changements de comportements induits ne sont donc pas repoussés mais plébiscités », apprécie Jacques Stern, le PDG d'Edenred. « C'est d'autant plus une bonne nouvelle que c'est contre intuitif. Bien souvent l'innovation technologique est mal perçue », ajoute-t-il. « Ici ce n'est pas le cas et je pense qu'un bon nombre de directeurs des ressources humaines vont tomber de leurs chaises. Beaucoup pensent qu'il faut cloisonner et mettre des barrières entre vie privée et vie professionnelles. »  Mais, selon M. Stern, « cela nécessite de repenser les organisations ».
« Cela ne sert à rien de contenir cette évolution avec des barrières, alors que de toute façon elles vont s'effacer», confirme M. Solom « Ce n'est pas que les gens veulent travailler moins, mais ils veulent s'approprier leurs temps de travail et s'organiser. »
En ce domaine, la Suède est le pays le plus avancé d'Europe. De puis 2011 la quasi totalité des entreprises (94 %) a équipé ses salariés de connexion Internet et de téléphones portables 3G, contre 55 % en France et 46 % en moyenne au niveau européen. L'organisation est plus flexible et procure une qualité de vie au travail estimée à 7,1 sur 10 par les Suédois contre 6,2 pour les Français.
UN MONDE BASÉ SUR L'INFLUENCE
« Le sujet du temps de travail revient à pleine puissance. Il est mieux appréhendé en Europe du Nord en Grande-Bretagne et en Allemagne qui ont des politiques proactive », raconte M. Solom.« On passe d'un monde reposant sur le contrôle des salariés à un monde basé sur l'influence. » En Europe du Sud les politiques sont plus défensives, l'accent étant mis sur les problèmes de risques psycho-sociaux.
Autre constat, ce sont dans les pays où la reprise est amorcée que l'évolution est la mieux acceptée opposant ainsi l'Europe du Nord à celle du Sud . Ainsi, en France, le maintien de l'emploi et du pouvoir d'achat est la priorité, nettement devant le temps consacré au travail.
Les salariés Français restent aussi les plus démotivés d'Europe (38 % contre 29 %). Selon l'étude «ce potentiel de frustration élevé» comme dans d'autres pays d'Europe du Sud, est d'autant plus mal vécu qu'il s'accompagne d'une insatisfaction marquée à l'égard de l'entreprise en terme de reconnaissance, de respect et de rémunération.

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