mardi 17 juin 2014

Les psychologues font entendre des propositions pour être partie prenante de la future loi de Santé




Alors qu'une mobilisation nationale pour dénoncer la précarité des psychologues est programmée le 19 juin, jour de la présentation officielle des grandes orientations du projet de loi de Santé, le Syndicat national des psychologues (SNP) émet un corpus de propositions pour que ces professionnels ne fassent pas partie des oubliés de cette future loi.

À quelques jours d'une mobilisation nationale programmée le 19 juin (lire ci-contre), qui coïncide par ailleurs avec la présentation officielle des grandes orientations du projet de loi de Santé par Marisol Touraine, le Syndicat national des psychologues (SNP) fait connaître ses propositions pour l'intégration de ces professionnels dans la future loi. Il rappelle en préambule que les psychologues représentent environ 35 000 professionnels, au sein d'une profession diplômée au niveau master et "qualifiée pour des actes tant préventifs que curatifs liés à leur domaine de compétence". "Pourtant, il n’existe pas à ce jour de projet cohérent de l’Etat qui permettrait de mettre à profit les compétences des psychologues au sein de la société française", déplore le SNP, évoquant des lois ou des plans sur l’organisation des hôpitaux, les risques psychosociaux ou la santé mentale élaborés sans y mentionner les psychologues. Aucun projet ne prend en compte la nécessité de revaloriser le cursus professionnel en psychologie, qui a été rétrogradé du 3e au 2e cycle universitaire lors de la réforme LMD, souligne encore le syndicat. Enfin, il déplore que dans "nulle instance du système de santé les psychologues ne sont représentés" et qu'aucune instance nationale ne permet de réguler la déontologie de l’exercice professionnel, "ni de protéger les citoyens français contre les mésusages de la psychologie". 

Faciliter l'accès aux psychologues

En premier lieu, il convient, selon le SNP, de faciliter l’accès des citoyens aux psychologues, donc d'étudier la mise en place d’un remboursement des consultations par l’Assurance maladie. Le libre choix des méthodes par le psychologue et l’usager lui-même devra néanmoins être garanti, indique le SNP, et l’accès direct des usagers au psychologue préservé, c'est à dire sans prescription médicale. Dans les établissements de santé, il convient de garantir l’accès direct à un psychologue pour toute personne qui en fait la demande, en l’inscrivant comme un droit des usagers dans la loi, estime le SNP. Il préconise également de créer, sur chaque territoire de santé, des centres de psychologie chargés d’assurer la coordination entre les établissements hospitaliers, les professionnels de santé et les cabinets libéraux de psychologues. En second lieu, le syndicat entend garantir une "offre psychologique de qualité". Pour cela, il préconise de créer une instance nationale de régulation de la déontologie des psychologues et de protection des citoyens. Pour revaloriser la formation universitaire, le SNP estime qu'il faut restaurer la délivrance du titre de psychologue à un niveau de 3e cycle universitaire sous la forme d’un doctorat professionnel et créer "une filière de professionnalisation différenciée de la licence générale de sciences humaines dès la fin de la 1re année". Enfin, il convient de renforcer la professionnalisation des psychologues de la filière clinique. Cela passe par une facilitation de l’accès aux stages des étudiants dans le cadre d’un "internat" de psychologie et développer "une formation approfondie aux psychothérapies dans le cadre pluraliste et dialectique de l’Université".

Renforcer le statut des professionnels dans la FPH

Le SNP veut en 3e lieu favoriser l'intégration des psychologues dans le système sanitaire. Pour cela, est prôné l’investissement de ces professionnels dans les projets des établissements de santé en instaurant une représentation de la profession dans leurs instances institutionnelles. L’activité coordonnée des psychologues dans les établissements de santé et les échanges pluridisciplinaires par la création de services de psychologie transversaux sous la responsabilité d’un psychologue coordonnateur devraient également être favorisés. Il convient aussi de permettre l’implication des psychologues dans les projets régionaux de santé (PRS) en instaurant une représentation de la profession dans les conférences régionales de santé des ARS. Enfin, 4e proposition : il faut renforcer le statut de ces professionnels dans la fonction publique hospitalière (FPH). Pour cela, le SNP estime qu'il faut "clarifier l’indépendance" des psychologues vis-à-vis de la hiérarchie des professions médicales et paramédicales par la création d’une filière spécifique de psychologie. Les conditions d’exercice des psychologues, notamment dans les travaux, recherches et formations nécessaires à l’élaboration de leur pratique professionnelle, devront également être garanties. Enfin, il conviendra de mettre en œuvre un "dispositif de titularisation spécifique pour une profession particulièrement précarisée (60% de contractuels) et contrôler le respect des procédures de recrutement" des psychologues. 
Caroline Cordier

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