vendredi 20 septembre 2013

18/09/2013

En 2008, l’Organisation Mondiale de la Santé a lancé un programme pour « combler les lacunes » en matière de santé mentale en signalant que l’amélioration des traitements « ne nécessite pas de technologie coûteuse. »
L’OMS recommande de recourir aux psychothérapies, en particulier dans les pays les plus pauvres (touchés par le VIH, les catastrophes naturelles, les guerres ou les conflits politiques, toutes situations pouvant préluder à des problématiques psychiatriques). Mais comme cette promotion des psychothérapies dans les pays en voie de développement semble aller à l’encontre de leur désaffection relative dans les pays riches, l’éditorialiste de The American Journal of Psychiatry souligne ce « paradoxe de la psychothérapie » : alors que des efforts de recherches importants sont consacrés à l’essor des psychothérapies dans les pays en voie de développement (en raison notamment des faibles revenus disponibles pour l’achat de médicaments), des efforts analogues n’existent pas dans les pays développés.

Une étude réalisée aux États-Unis révèle ainsi un « déclin du nombre de patients ayant reçu une psychothérapie lors d’une dépression entre 1998 et 2007 », soit seule (-25 %), soit en association avec un traitement antidépresseur (-17 %). Ce déclin est confirmé par une diminution du nombre de séances par psychothérapie (de 9,7 à 7,9). On constate aussi une baisse de 35 % dans les dépenses annuelles consacrées aux psychothérapies alors que, parallèlement, l’usage des médicaments psychotropes a augmenté de plus de 23 %. Des recherches devraient être consacrées au développement des psychothérapies : préciser leurs indications, leur efficacité, les modalités de leur administration.
Puisque des travaux sont en cours pour améliorer le choix des médicaments et des taux de rémission avec un traitement personnalisé, basé sur des biomarqueurs génétiques, l’imagerie cérébrale et les profils cliniques, d’autres recherches pourraient également concerner « la personnalisation de la psychothérapie pour déterminer les réponses particulières des patients. » Cet étiolement des psychothérapies aux États-Unis est souvent expliquée par des considérations financières. Mais, conclut l’auteur, « si des pays peu développés trouvent cette pratique économique, pourquoi ne pouvons-nous pas en faire autant ? »

Dr Alain Cohen

Weissman MM: Psychotherapy: a paradox. Am J Psychiatry 170:7: 712–715.

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