jeudi 11 juillet 2013

... Jean-Marie Le Guen (PS) critique à son tour la décision de Touraine

 11/07/2013

Le président du Conseil de surveillance de l’AP-HP(Assistance publique-Hôpitaux de Paris), Jean-Marie Le Guen, député socialiste de Paris, commente les derniers rebondissements concernant l’Hôtel-Dieu. À l’instar duprésident de la CME(Commission médicale d’établissement) de l’AP-HP, il déplore l’intervention ministérielle sur ce dossier si sensible.

LE QUOTIDIEN - Que pensez-vous du report de la fermeture des urgences à l’Hôtel-Dieu annoncé par la ministre de la Santé ?
JEAN-MARIE LE GUEN - L’annonce d’hier par Marisol Touraine ne règle pas grand-chose. Elle pose plus de problèmes qu’elle n’en résout. Je regrette que la polémique sur les urgences vienne brouiller les cartes, car ce n’est pas le vrai sujet. Le maintien dans la forme actuelle du service des urgences sans service hospitalier n’a pas de sens durable. 80 % des services ont déjà été transférés ailleurs. La communauté médicale l’a dit et répété.
Ce qu’il faut, c’est faire renaître l’Hôtel-Dieu. C’est ce pour quoi je me bats. J’attends de voir maintenant comment la situation va évoluer. Mais je crains que l’annonce faite par Marisol Touraine ne démobilise les professionnels. Il ne faudrait pas qu’ils se détournent du projet de nouvel Hôtel-Dieu. Il faut au contraire leur faire confiance. Le danger désormais est la fermeture pure et simple de l’Hôtel-Dieu.
La ministre a-t-elle pris cette décision en vue des municipales ?
Je ne le crois pas. Ce que je souhaite, c’est que les pouvoirs publics soutiennent vraiment le projet de nouvel Hôtel-Dieu, un hôpital universitaire de santé publique qui répond aux défis de demain.
Le projet de nouvel Hôtel-Dieu ne fait pas l’unanimité. Comprenez-vous les critiques formulées par certains médecins libéraux et élus locaux, Nathalie Kosciusko-Morizet en tête ?
Nathalie Kosciusko-Morizet a tort de s’éloigner de la communauté médicale, et des réponses innovantes en matière de santé pour courir après une action politicienne. Elle est mal placée pour parler car elle a fait partie du gouvernement qui a décidé la fermeture pure et simple de l’Hôtel-Dieu en 2010.
C’est vrai qu’il existe un débat sur ce que doit être un hôpitalambulatoire. Je note que ce projet rassemble de plus en plus les médecins, mais aussi les soignants et les usagers. Sans doute y a-t-il eu des problèmes de communication, peut-être le projet n’est-il pas totalement abouti. La question de la gouvernance se pose ; la tarification devra évoluer. Mais l’essentiel, c’est le but poursuivi. Nous voulons jeter une passerelle entre la ville et l’hôpital. Ces deux mondes ne se parlent plus depuis 50 ans. Que cela dérange, que cela prenne du temps, c’est bien normal. Nous dialoguons depuis des mois sur le sujet. Sans doute faut-il se parler encore et encore. Le nouvel Hôtel-Dieu va se créer en marchant, de la même façon que l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière n’est plus le même aujourd’hui qu’il y a 50 ans.
Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo ne tiennent pas le même discours que vous sur l’avenir de l’Hôtel-Dieu. La majorité municipale est-elle divisée ?
Il y a des avis nuancés. Je suis plus investi que Bertrand Delanoë sur la santé et la politique hospitalière. Le maire de Paris voit davantage l’aspect émotionnel de la décision, alors que je regarde le projet médical. Nous avons un dialogue sur le sujet. Lundi, au Conseil de Paris, j’ai fait voter une motion sur l’Hôtel-Dieu à l’unanimité, qui confirme que le statuquo n’est plus possible. En septembre, je réunirai tous les acteurs politiques quelle que soit leur sensibilité, ainsi que les médecins, pour entendre les deux projets, celui de la CGT, et celui porté par le Pr Jean-Yves Fagon et la direction générale de l’AP-HP.
› PROPOS RECUEILLIS PAR DELPHINE CHARDON

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