jeudi 11 juillet 2013

A 90 ans, tout est encore possible

11/07/2013
 En comparant deux cohortes de nonagénaires, l’une née en 1905, l’autre en 1915, des médecins danois du Centre de recherche sur le vieillissement se veulent rassurant sur l’état de santé et les performances cognitives aux âges avancés. Les nonagénaires nés en 1915, bien qu’étant de 2,2 ans plus âgés au moment des évaluations que ceux de 1905, étaient plus performants aux tests cognitifs et aux évaluations de vie quotidienne. Plus la médecine progresse, plus on a de chance de vivre vieux et en bonne santé... Ce processus dit « gagnant-gagnant » n’avait encore pas été démontré sur des populations très âgées puisque l’on pouvait penser, qu’à l’inverse, certaines vies épargnées, grâce aux traitements, sélectionnent des sujets fragiles, globalement des « survivants » qui atteignent des âges avancés en mauvaise santé.


Dans cette étude originale publiée dans la dernière version du « Lancet »*, les auteurs estiment que la cohorte de 1915 a plus profité des progrès de la médecine, de la vaccination antigrippale, des traitements contre l’hypertension artérielle et l’hypercholestérolémie, des progrès contre le cancer et les coronaropathies, et de ceux de la vie de tous les jours. C’est donc ce processus « gagnant-gagnant » qui ressort de cette étude comparative les « 1915 » atteignent l’âge de 90 ans en meilleure santé que les « 1905  ».
En 2010, on dénombrait plus de 1,5 million de nonagénaires vivant sur le sol américain contre 720 000 en 1980. Cette évolution quasi exponentielle n’est pas propre aux Etats-Unis, elle s’observe dans tous les pays développés. Même le Danemark qui est l’un des pays européens où l’espérance de vie est la plus faible, les chances d’arriver à l’âge de 90 ans ont augmenté quasiment de 30 % à chaque décade pour les personnes nées en 1895, 1905 et 1915. Une évolution qui est clairement liée à la diminution de la mortalité infantile dans la première moitié du XXe siècle et à la réduction de la mortalité des sujets âgés pour la seconde moitié.
Les Danois se sont donc interrogés sur l’état de santé de ceux qui atteignent 90, voire 100 ans, en comparant deux cohortes : la première, celle de 1905, regroupait 2 262 participants nés entre août et octobre 1905, âgés de 92-93 ans au moment de l’enquête, en 1998. La deuxième enquête s’est déroulée 12 ans plus tard et a concerné 2 620 personnes âgées de 94-95 ans. Les deux études ont utilisé exactement les mêmes questionnaires ; dans la plupart des cas, les entretiens avaient lieu au domicile. L’évaluation consistait en un entretien, des tests d’évaluation cognitifs et physiques, et un recueil de paramètres biologiques.
Les chances d’atteindre l’âge de 93 ans étaient plus élevées de 28 % pour la cohorte 1915 par rapport à la cohorte 1905 (6,50 % versus5,06 %) et celles d’atteindre 95 ans de 32 % pour la cohorte 1915 (3,93 % versus 2,98 %).
Les performances au Mini Mental State (MMS) étaient aussi supérieures dans la cohorte 1915 (22,8 versus 21,4 ; p inférieur à 0,0001), de même que le score cognitif composite significativement meilleur dans le groupe 1915 (0,49 versus 0,01, p = 0,0003). Les performances physiques, en revanche, ne diffèrent pas de façon statistiquement significative, mais les « 1915 » ont de bonnes performances dans les actes de la vie quotidienne.
› Dr ANNE TEYSSÉDOU-MAIRÉ
http : //dx.doi.org/10.1016/S0140-673(13)60777-1

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