lundi 10 juin 2013


Soigner son travail pour être en bonne santé

LE MONDE | 
"Ce ne sont pas les travailleurs qu'il faut soigner. Mais le travail. Un travail soigné est bon pour la santé." Yves Clot, titulaire de la chaire de psychologie du travail au Conservatoire national des arts et métiers, aime mettre les principes par-dessus tête.
Pour améliorer la qualité de vie au travail, il faut commencer par se préoccuper de la qualité du travail. Parce que pour être en bonne santé, il faut être fier de ce que l'on fait, discuter avec ses collègues, sa hiérarchie. Mais aussi se disputer. ("Le Travail à coeur", d'Yves Clot. La Découverte.)
Invité du séminaire "Economie et sens" de l'Ecole de Paris, au collège des Bernardins, à Paris, mercredi 5 juin, ses pirouettes furent un régal. On l'écoute, pour réaliser que l'on marche sur la tête. Et qu'il est grand temps de retomber sur nos pieds.
Sa thèse est simplissime. Pour améliorer la qualité de vie au travail, il faut commencer par se préoccuper de la qualité du travail. Parce que pour être en bonne santé, il faut être fier de ce que l'on fait ; se reconnaître dans sa société, sa marque, son histoire.
Se préoccuper de la qualité du travail n'est pas un truisme. Chaque dirigeant peut affirmer ne penser qu'à ça. Dans les faits, il est impuissant. L'organisation hiérarchique traditionnelle et ses modes de prise de décision ne permettent pas de déceler ce qui nuit à la qualité et à la santé des salariés. Et comment y remédier.
La preuve : un salarié sur quatre estime que son travail menace sa sécurité ou sa santé, selon une enquête du groupe Randstad parue le 6 juin.
SE DISPUTER, MAIS AVEC RESPECT
Pour faire du bon travail, il faut discuter avec ses collègues, sa hiérarchie. Se disputer. Car souvent, très souvent, personne n'est d'accord sur la qualité elle-même, et encore moins sur les moyens d'y parvenir. Tant mieux. Car seules "la discussion, la confrontation, la controverse permettent de découvrir le réel. Pour faire le tour d'une question, mieux vaut ne pas être d'accord", poursuit le psychologue, acrobate de l'esprit.
Mais attention : faire s'exprimer les salariés, comme cela se pratique dans les cercles de qualité, n'a aucun sens. Les travailleurs de plus bas niveau doivent participer aux "disputes". Mais aussi aux décisions. A défaut, "les ressources humaines sont gaspillées. Les performances financières et autres en pâtissent. Les organisations dissipent massivement de l'énergie".
Se disputer, mais avec respect. Ce qui ne peut être une exigence préalable. Cette disposition d'esprit est absente des organisations, précise le psychologue, les pieds sur terre. En revanche, "le respect s'obtient quand les gens se mettent à respecter le travail. Le travail bien fait ne se discute pas". Respect !

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