lundi 22 avril 2013

Un paradoxe : le travail physique augmente le risque cardio-vasculaire

 18/04/2013

Le constat ne tombe pas sous le sens. Une activité professionnelle exigeante sur le plan physique exposerait à un risque cardio-vasculaire plus élevé, selon deux études présentées au congrès de l’EuroPrevent 2013. Si une activité physique régulière est recommandée pour la santé, les effets ne s’avèrent pas identiques selon qu’elle est pratiquée un cadre professionnel ou de loisir.
« Le stress (...) pourrait être l’une des raisons pour lesquelles un travail physique dur n’est pas comparable à l’exercice physique recommandé pour la santé et le bien-être », commente le Pr Demosthenes Panagiotakos, épidémiologiste à Athènes et auteur principal d’une étude cas-contrôle chez 1 000 sujets, 250 patients consécutifs ayant eu un accident vasculaire cérébral (AVC), 250 ayant eu un premier accident coronarien aigu et 500 contrôles.

Une cible pour la prévention cardio-vasculaire

Pour l’équipe grecque, pour une échelle allant de 1 à 9 (1= travail de force ; 9 = travail sédentaire/intellectuel), le risque d’AVC ou de premier accident coronarien aigu était de 20 % plus faible pour chaque palier décroissant d’activité physique, après ajustement sur différents facteurs (âge, sexe, indice de masse corporelle, tabagisme, hypertension, hypercholestérolémie, diabète, antécédent familial cardio-vasculaire, régime méditerranéen).
Les chercheurs émettent l’hypothèse d’un accès aux soins restreint du fait d’une rémunération plus faible. Pour eux, « les travailleurs de force doivent être considérés comme un groupe cible pour la prévention cardio-vasculaire ».

Pas de bénéfice à faire du sport en loisir

La seconde étude présentée par une équipe belgo-danoise corrobore ces résultats en montrant un bénéfice de l’activité de loisir et un effet délétère du travail physique. Plus de 14 000 hommes d’âge moyen indemnes de toute maladie coronarienne ont été inclus entre 1994-1998. L’incidence était surveillée sur un suivi moyen de 3,15 ans avec un ajustement sur les mêmes facteurs confondants que cités précédemment.
Les chercheurs suggèrent également un effet dit « d’interaction ». Alors qu’une activité de loisir d’intensité modérée à élevée était associée à un risque plus faible de 60 % d’accidents coronariens chez les travailleurs sédentaires, l’effet protecteur n’était pas retrouvé chez les travailleurs de force. Pire, leur risque coronarien serait presque quadruplé en cas de loisir sportif.
Pour le Dr Clays, l’investigateur principal : « Il est capital de savoir s’il faut conseiller une activité sportive de loisir aux sujets ayant un travail physique dur. Les résultats de cette étude concluent qu’une activité physique supplémentaire chez des personnes déjà épuisées par leur travail quotidien ne s’accompagne pas d’un effet d’entraînement mais plutôt d’un effet de surcharge sur le système cardiovasculaire. »
› Dr IRÈNE DROGOU
Europrevent 2013, Rome, 18-20 avril 2 013. Organisé par l’European Society of Cardiology.

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