samedi 16 mars 2013

Un sommeil perturbé précède les symptômes d’Alzheimer

Si les troubles du sommeil sont très fréquents au cours de la maladie d’Alzheimer déclarée, une étude américaine chez des sujets asymptomatiques suggère que le fait de moins bien dormir est un signe précoce annonciateur de la maladie à venir, bien avant les premiers signes cliniques mnésiques et cognitifs. L’association serait ainsi à double sens : les plaques bêta amyloïdes perturberaient le sommeil, et le manque de sommeil favoriserait la formation des plaques.
Pour le Pr David Holtzman, directeur du service de neurologie à la Washington’s University et auteur senior de l’étude : « Alors que nous commençons à traiter des patients Alzheimer sur des marqueurs précoces, les modifications du sommeil pourraient servir d’indicateur de la réponse au traitement. »

La protéine bêta 42 amyloïde dans le LCR

Les chercheurs ont suivi 145 sujets sains âgés entre 45 et 75 ans, dont plus de 50 % avaient un antécédent familial de maladie d’Alzheimer à début tardif. Pour identifier ceux qui étaient atteints d’Alzheimer préclinique, les scientifiques se sont servis des taux de la protéine bêta 42 amyloïde (AB42) mesurés dans le liquide céphalo-rachidien (LCR). Cette protéine soluble étant séquestrée au cours de la maladie, un taux abaissé dans le LCR est un reflet précoce du dépôts de plaques, qui précède d’au moins 15 ans la survenue des premiers symptômes.
L’équipe a étudié le sommeil en terme de quantité et de qualité, la première étant mesurée sur le temps total de repos, la seconde par un enregistrement du sommeil pendant 14 jours à l’aide d’un actimètre. Cet appareil sous forme de montre portée au poignet non dominant est censé détecter les mouvements et mesurer le temps passé au lit.

Un double-sens à préciser

Les dépôts de plaques étaient présents chez 32 participants (22,5 %). Si aucune différence n’a été observée concernant le temps total de repos, ces sujets ayant la maladie préclinique présentaient un sommeil de moins bonne qualité (80,4 %) par rapport aux sujets sains (83,7 %). Ces sujets asymptomatiques avaient également tendance à faire davantage de siestes (≥3/semaine). « Quand on regarde spécifiquement les plus mauvais dormeurs, ceux dont le sommeil est efficace à moins de 75%, ils étaient 5 fois plus à risque d’Alzheimer préclinique que les bons dormeurs », explique le Pr Ju. Avant de poursuivre : « Est-ce le manque de sommeil qui entraîne l’Alzheimer, ou l’inverse ou une combinaison des deux ? Ceci nous aidera à savoir si nous pouvons modifier l’évolution de la maladie et de quelle manière ».
› Dr IRÈNE DROGOU
JAMA Neurology, publié en ligne le 11 mars 2013
 12/03/2013

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