vendredi 8 mars 2013

Hôpital Henri-Mondor : bras de fer musclé entre la direction et les internes

Le département d’anesthésie-réanimation à l’hôpital Henri-Mondor (AP-HP), à Créteil, est en ébullition. L’histoire se décompose en trois actes.
Premier acte. Le 28 février, les internes adressent une lettre ouverte à la direction pour dénoncer « des pratiques hors du temps ». Le manque de moyens se solde, affirment-ils, par une « perte de chance thérapeutique ». Ils disent constater une « morbidité immédiate » : dissection artérielle, hématomes, répétition acharnée des ponctions,pneumothorax... Les internes d’anesthésie-réanimation de l’hôpitalHenri-Mondor menacent d’une grève illimitée.
Deuxième acte. La directrice du groupe hospitalier Albert-Chenevrier - Henri-Mondor, irritée, se fend d’un mail incisif au chef de service. Martine Orio dénonce une réaction « intolérable et indigne » de la part « de futurs spécialistes ». Le service a eu une réaction « hors de proportion avec l’enjeu du débat », ajoute-t-elle. Aux critiques émises à propos du matériel indisponible, la directrice répond qu’un échographe, depuis, a été livré. « Vous avez cru bon, comme à l’accoutumée, prendre à témoin de vos écrits la collectivité médicale de Mondor. Je ne pense pas que ce type de "manifeste" soit la voie du dialogue naturel avec un chef de service », conclut Martine Orio.
Troisième acte. Piqué au vif, le chef de service adresse un mail tout aussi direct à la directrice. « Je ne suis pas venu sur ce CHU pour me faire maltraiter », écrit-il. Le Pr Gilles Dhonneur détaille : « Vous me parlez d’un échographe, une "goutte d’eau" insignifiante, alors que nous déplorons un "wagon" entier de matériel absent, obsolète, voire dangereux. Contrairement à vous Madame, à chaque fois que j’exerce mon métier, idem pour mes collaborateurs, les patients et leurs proches remettent "entre nos mains" leurs espoirs, la responsabilité de leur avenir et de leur vie. (...) Votre rôle, Madame la Directrice du groupe, est de nous permettre de "mériter" cette confiance, en nous donnant, entre autres, les "moyens" de la sécurité, pour ces patients qui placent en nous l’espoir d’un avenir meilleur. Ces "moyens", nous ne les avons plus (...) »
L’anesthésiste-réanimateur prend ouvertement la défense des internes. Il reprend : « Vous avez tort de sous-estimer et de mépriser la "réaction" des futurs spécialistes. Parce qu’ils sont très investis, ils ont toute la légitimité pour juger de la grandeur de notre CHU, mais aussi de la dégradation des conditions de prise en charge des patients ainsi que celle de leur formation. Je vais provoquer un CS extraordinaire dès la fin des vacances scolaires. Nous prendrons des décisions collégiales qui vous seront rapportées au travers d’un "manifeste" »
› DELPHINE CHARDON
 06/03/2013

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