jeudi 17 janvier 2013

L'argent fait (un peu) le bonheur

Le Monde.fr | 
Le bien-être dépend-il de la seule taille du portefeuille ? Le rapport de la Commission sur la mesure des performances et du progrès social, dit "rapport Stiglitz", du nom de son directeur, Prix Nobel d'économie, mettait déjà en évidence en août 2009 la nécessité de ne pas s'arrêter aux simples feuilles de salaire et à la couleur de la carte bancaire pour mesurer le bien-être d'une personne. 

Cela semble aller de soi, et pourtant les indicateurs économiques mis à la disposition des évaluateurs de politiques publiques, que ce soit le PIB par habitant ou l'indicateur de développement humain échouaient jusqu'alors à en rendre compte.

Pour pallier ce vide, l'Insee a publié, mardi 8 janvier, les résultats d'une étude visant à mesurer l'impact sur le bien-être de plusieurs indicateurs de qualité de vie mentionnés par le rapport Stiglitz. L'étude, réalisée en 2011 sur un échantillon de dix mille Français de métropole âgés de plus de dix-huit ans, rapporte que "les adultes vivant en France métropolitaine évaluent leur sentiment général de bien-être, sur une échelle de 0 à 10, à un niveau moyen de 6,8". Dans la cohorte étudiée, les "faiblement satisfaits" sont somme toute peu nombreux : seuls 7 % des personnes interrogées ont déclaré un niveau de bonheur inférieur à 5, tandis que 13 % ont donné une note supérieure à 8.
Dans le détail, le bonheur matériel compte pour une part importante dans cette mesure du bien-être. En effet, parmi les sondés ayant déclaré un niveau de bien-être inférieur à 5, plus d'une personne sur cinq (22,5 %) fait partie du décile de la population le plus pauvre. C'est encore plus vrai dans l'autre sens : pour ce qui est de la population s'étant attribué la note de bonheur la plus élevée, près d'une sur quatre (23,4%) provient d'un ménage disposant de hauts revenus, dans le décile le plus riche de la population.
IMPORTANCE DES LIENS SOCIAUX
Si les contraintes de ressources contribuent largement aux différences de bonheur ressenti, on ne peut leur en imputer la seule responsabilité. Il ressort de l'enquête que la qualité de vie et ses multiples facteurs influent directement sur le bien-être. Deux indicateurs notamment jouent tout autant que les contraintes financières (définies comme le manque de moyens financiers pour se loger, s'alimenter, s'habiller, se déplacer) : la faiblesse des liens sociaux, qui fait référence aux contacts peu fréquents avec la famille ou les amis, et le stress de la vie quotidienne, qui englobe des tracas récurrents concernant la santé, les relations familiales, le budget du foyer...
L'enquête montre, par exemple, qu'un mauvais état de santé ou des conditions de logement dégradées (humidité, manque d'espace...) détériorent le sentiment de bien-être. En revanche, celui-ci n'est pas modifié significativement par la qualité de l'environnement (pollution de l'air, pollution sonore, présence d'espaces verts, propreté du quartier...) ni par les "tensions au sein de la société", qui font référence aux rapports entre les genres, les générations, les religions ou les partis politiques...
Cette enquête présente également la particularité d'englober, et c'est une première, les risques psychosociaux au travail. Ce terme recouvre à la fois le stress, les violences internes (harcèlement moral, sexuel) et externes (infligées par les clients, fournisseurs, patients, partenaires...). Il apparaît que ces risques psychosociaux "vont de pair avec un moindre sentiment de bien-être", une conclusion qui souligne l'importance accordée par les actifs à leurs conditions de travail.
Enfin, l'enquête met également en évidence une différence de corrélation entre bien-être et contraintes financières chez les personnes exerçant un emploi et sur l'ensemble de la population. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le manque de ressources matérielles affecte beaucoup plus le bien-être des actifs que celui des populations n'ayant pas ou plus d'emploi.
Pour aller plus loin, lire l'intégralité du rapport sur le site de l'Insee (PDF)

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