mardi 27 novembre 2012

Pourquoi est-on hospitalisé en France


En dix ans, les patients de nos hôpitaux ont vieilli et les motifs d’hospitalisation ont changé. Une récente étude du ministère de la Santé montre que si le nombre des hospitalisations a globalement augmenté, les jeunes sont moins hospitalisés qu’auparavant. Dans le tiercé de tête des causes d’hospitalisation : gastroentérologie, appareil circulatoire et tumeurs.

On hospitalise moins volontiers qu’avant les patients, mais le nombre d’hospitalisations a tout de même progressé en dix ans en France. Ce paradoxe apparent est mis en évidence dans la dernière livraison de la Drees. Dans leur « Panorama des établissements de santé 2012 », les statisticiens du ministère de la Santé relèvent en effet une progression du taux d’hospitalisations de 2,6% pour les hommes et 4,8% pour les femmes. Le taux d’hospitalisation étant passé de 221 pour 1.000 en 1998, à 229 pour 1.000 en 2008. Mais les auteurs de l’étude montrent que cette "inflation" relative d’hospitalisations provient essentiellement du vieillissement de la population. Si l’on retient un «taux standardisé», c’est-à-dire calculé à âge égal, le taux d’hospitalisations a en réalité plutôt diminué sur la période, cette baisse touchant essentiellement les hommes (-3,1%) et dans une moindre mesure les femmes (-0,7%).

Le détail des statistiques de l’avenue de Ségur permet de mieux comprendre cette évolution. 
Le recours à l’hôpital a baissé pour les moins de 45 ans, mais il a augmenté pour les 65 ans ou plus entre 1998 et 2008.

Plus précisément, les taux d’hospitalisation ont sensiblement baissé pour les moins de 15 ans (-18% pour les garçons et -20% pour les filles) et de façon plus modérée, chez les 25-44 ans (-9% pour les hommes et -3% pour les femmes). En revanche, on a davantage hospitalisé les 65 ans ou plus (+6% pour les hommes et +10% pour les femmes). Et la part des séjours des 75 ans ou plus est passée de 18% à 23% en dix ans.

Disparités régionales

La démographie explique donc presque tout. Y compris les disparités régionales : le taux d’hospitalisation augmentant avec l’âge, les régions les plus âgées connaissent donc les taux d’hospitalisation les plus élevés. C’est le cas, par exemple, du Limousin mais aussi du Poitou-Charentes et de la Corse. Même si des exceptions confirment la règle : en Alsace, Nord-Pas-de-Calais et Picardie, les taux d’hospitalisations sont plus élevés que la moyenne nationale, malgré une population pas si âgée. A l’inverse, on trouve mois d’hospitalisations avec une population pourtant plus âgée en Bretagne et en Auvergne. Au total, au cours de la décennie 1998-2008, le nombre total de séjours en soins de courte durée est passé de 13,2 millions à 14,6 millions, hors séjours liés à la grossesse, à l’accouchement et à la puerpéralité, aux causes périnatales et à la surveillance de la grossesse ou du nouveau-né.

Toute chose égale par ailleurs, les patients vont moins à l’hôpital qu’à la fin des années 90, mais surtout les motifs d’hospitalisations ont changé. Certes, en 1998 comme en 2008, les pathologies de l’appareil digestif et de l’appareil circulatoire occupent les deux premières places. Mais la troisième marche du podium est désormais occupée par les tumeurs, alors qu’en 1998 cette place était celle des traumatismes et des empoisonnements.

Mais les augmentations les plus importantes en nombre de séjours tiennent aux maladies du sang (anémies en particulier), de l’?il (cataracte), du système nerveux (syndrome du canal carpien notamment). Il faut y ajouter les troubles mentaux pour les hommes et les maladies du système ostéo-articulaire (arthropathies, arthrose, lésions articulaires) pour les femmes. À noter, pour les deux sexes, une croissance forte du nombre de séjours dus à des maladies de l’appareil digestif, malgré une baisse notable des séjours pour appendicite. Moins d’hospitalisations, en revanche, dues aux maladies de l’appareil respiratoire, des traumatismes (fractures) et empoisonnements et des maladies de l’oreille (otites). Mais aussi, pour les hommes, on observe une baisse des séjours pour maladies infectieuses et parasitaires. Enfin, le nombre de séjours pour des motifs liés à la surveillance ou à la prévention enregistre une progression limitée entre 2003 et 2008, après avoir connu une forte augmentation entre 1998 et 2003.
Giulia Gandolfi

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