mardi 27 novembre 2012

Espagne : les hôpitaux de Madrid en grève contre la privatisation

lequotidiendumedecin.fr 26/11/2012



Crédit photo : AFP
Le système public de santé de la région espagnole de Madrid, soit près de 75 000 professionnels, est en émoi depuis que le gouvernement régional a annoncé le 31 octobre la privatisation prochaine de 6 hôpitaux publics, construits et mis en service il y a 4 ans et situés tout autour de Madrid. Cette opération, qui vise à« assurer la sauvegarde du système public en période de crise », aura des conséquences sur les médecins qui travaillent dans ces hôpitaux. Aujourd’hui fonctionnaires de l’administration régionale, ils deviendront salariés du secteur privé à des conditions inconnues.

Rentabilité

Devant cette annonce, qualifiée à Madrid de « coup de tonnerre », les médecins du système public de santé de Madrid ont réagi. Les principales organisations professionnelles ont appelé ensemble à une grève de 4 jours (les 26 et 27 novembre puis les 4 et 5 décembre).« C’est toujours le même discours sur la rentabilité nécessaire des dépenses de santé qui ferait pencher la balance du côté de la privatisation », s’insurge Arturo Garcia Ocaña, chirurgien dans l’Hôpital Doce de Octubre et un des responsables du syndicat de médecins Amyts. Avant d’ajouter : « Si les traitements lourds et chers sont réservés aux hôpitaux publics, le jeu n’est pas égal », en référence à une clause selon laquelle l’Hôpital de La Princesa, dans la capitale espagnole, resterait public mais deviendrait un centre de gériatrie.

Avenir incertain

Pour David Garcia Azorin, interne en neurologie à l’Hôpital Clinico San Carlos, la situation des professionnels de santé en Espagne est critique :« des mesures d’économies sont nécessaires, mais cela ne veut pas dire qu’il faut faire une croix sur le système de santé public universel. Aujourd’hui, notre avenir professionnel est plein d’incertitudes, et il ne faut pas s’étonner si certains d’entre nous envisagent de changer de pays pour se développer comme spécialistes, là où les conditions de travail sont meilleures ». Une situation que le docteur Garcia Azorin regrette : « C’est dommage, car la formation des spécialistes en Espagne est très bonne ».
En plus des 6 hôpitaux, 27 centres de santé à Madrid devraient être privatisés. « Le système public de Santé en Espagne disparaît peu à peu » se lamente Ana Giménez Vasquez, médecin de famille dans la capitale espagnole et représentante du syndicat Amyts. « Il n’y a même pas un calendrier de vaccinations commun aux 17 régions espagnoles, et pour nous, les professionnels, le paiement d’une heure de garde varie de 10 à 25 euros entre l’Andalousie et la Navarre ».
› DE NOTRE CORRESPONDANT CHRISTOPHE DESCHAMPS

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