jeudi 4 octobre 2012

Dépression chez les salariés, stress chez les petits patrons

lequotidiendumedecin.fr 02/10/2012


La santé des travailleurs est en berne, des deux côtés de la barrière. Les salariés souffrent de dépression, tandis que les patrons de très petites entreprises sont rongés par le stress et l’anxiété.
Selon l’étude IDEA (impact of depression at work in Europe Audit), pour l’Association européenne de dépression (EDA)*, un travailleur sur 10 en Europe a été contraint de prendre des jours de congés à cause d’une dépression. À raison d’une moyenne de 36 par épisode dépressif, ce sont 21 000 journées de travail qui auraient ainsi été perdues. Avec à la clef, une addition de 92 milliards d’euros en 2010, liée à la perte de productivité engendrée par l’absentéisme ou le présentéisme, soit le fait de rester à l’ouvrage en étant malade.
Un sujet tabou
La dépression est le premier défi en terme de santé mentale au travail, estime l’EDA. 30 millions de citoyens en souffriraient une fois dans leur vie professionnelle. Selon l’étude IDEA, qui a scruté plus de 7 000 personnes en Europe, 20 % d’entre elles ont été diagnostiquées dépressives un jour, un taux qui s’élève au plus haut à 26 % en Grande-Bretagne, contre 12 % au plus bas, en Italie.
La dépression reste pourtant taboue dans le monde du travail. Un quart des salariés touchés n’en font pas part à leur employeur, souvent par peur de perdre leur travail dans un contexte économique difficile. De leur côté, un manager sur 3 reconnaît ne pas avoir de plan pour lutter contre la dépression. Une grosse minorité (43 %) souhaiterait voir la législation ou la politique protéger les employeurs.
« Il faut encore beaucoup travailler à la prise de conscience de cette question et au soutien des employés. Les employeurs doivent aussi évoluer dans la reconnaissance et la gestion de la dépression au travail », commente le président de l’EDA, le Dr Vincenzo Costigliola. L’association demande aux pouvoirs publics de se pencher sur l’impact de la dépression sur la force de travail.

Crise économique et morale

La situation est à peine mieux chez les patrons de très petites entreprises (TPE), dont le moral a été sondé par la 47e édition du Baromètre des TPE, réalisé par l’IFOP pour Fiducial**. S’ils s’estiment globalement en bonne santé (ils donnent un 7,2 sur 10 à leur état) un quart déclare avoir eu des problèmes liés à leur activité, d’ordre psychologique (ils souffrent à 72 % d’anxiété et de stress), ou physique (69 %). En tout, les 2/3 de ces petits patrons disent ressentir de l’anxiété, dont 35 % de façon intense. La raison alléguée ? Les difficultés économiques de leur entreprise et la détérioration du climat général des affaires. Ils sont 78 % à estimer difficile l’exercice de leur fonction dirigeante, surtout dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration et du commerce. Mais peu recourent à un médecin : 42 % ont refusé de prendre un rendez-vous avec un professionnel de santé. Ils préfèrent partager leurs soucis avec leur famille proche, et leurs experts-comptables.
› COLINE GARRÉ
*Étude conduite grâce au panel en ligne MORI de l’IPSOS, entre le 30 août et le 19 septembre 2012 auprès de 1 000 adultes salariés et employeurs travaillant ou ayant travaillé au cours de la dernière année en Europe.
**Sondage réalisé auprès de 1 003 dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés par téléphone, du 9 au 18 juillet 2012.

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