mardi 14 août 2012

Homo erectus n'était pas seul

Le Monde.fr avec AFP | 

Le crâne complet d'un Homo erectus retrouvé en 2000 près du lac Turkana, au Kenya.
Le crâne complet d'un Homo erectus retrouvé en 2000 près du lac Turkana, au Kenya. | AFP/SIMON MAINA

De nouveaux fossiles découverts au Kenya apportent la preuve de la diversité des premiers représentants du genre Homo, auquel appartient l'homme moderne, selon une étude publiée mercredi 8 août dans la revue scientifique britannique Nature.
Les nouvelles pièces du puzzle – une face, une mâchoire inférieure complète et une partie d'une seconde mâchoire inférieure – ont été découvertes entre 2007 et 2009 à l'est du lac Turkana par le projet de recherche Koobi Fora (KFRP). Ces nouveaux fossiles confirment, selon les auteurs de l'étude, l'existence à la même époque, il y a près de 2 millions d'années, de deux espèces distinctes d'Homo erectus, Homo habilis et Homo rudolfensis.
"Il est maintenant clair que deux espèces d'Homo ont vécu en même temps qu'Homo erectus", a déclaré Fred Spoor, qui a dirigé les analyses scientifiques. "L'évolution humaine n'est manifestement pas la ligne droite" qui a pu être tracée par le passé, a-t-il commenté au cours d'une téléconférence.
LE MYSTÈRE DE "KNM-ER 1470"
Le débat sur la diversité des premiers représentants du genre Homo avait été ouvert par la découverte, en 1972 par le KFRP, sur le site de Koobi Fora, au Kenya, d'un crâne connu sous l'appellation "KNM-ER 1470". Depuis quatre décennies, sa classification reste controversée : sa morphologie est inhabituelle, mais il manque la mâchoire inférieure et les dents, ce qui rend les comparaisons difficiles, et sa découverte demeurait isolée.
Les trois fossiles mis au jour dans un rayon d'une dizaine de kilomètres autour de la localisation de KNM-ER 1470, remontant à entre 1,78 million et 1,95 million d'années, permettent d'en compléter le portrait. "Les nouveaux fossiles vont grandement contribuer à éclairer la manière dont notre branche de l'évolution humaine est apparue et a prospéré il y a près de 2 millions d'années", a estimé Fred Spoor.
PRUDENCE DES SCIENTIFIQUES
Des experts estiment que ces résultats montrent bien la complexité de l'évolution humaine, mais restent prudents sur la manière dont ils doivent être interprétés. "Peut-être ces deux taxons appartenaient-ils à une lignée différente de celle dont Homo sapiens est issu ?, s'interroge le paléoanthropologue Bernard Wood, de l'université américaine de Washington, dans un commentaire publié par NatureMa prédiction est que d'ici à 2064 [...] les chercheurs considéreront nos hypothèses actuelles sur cette période de l'évolution humaine comme remarquablement simplistes."

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