dimanche 6 mai 2012


La psychiatrie selon feu Félix Guattari (2)

Rev Med Suisse 2012;8:

Un livre apparaît et des souvenirs émergent (Rev Med Suisse 2012;8:870-1). C’était il y a un quart de siècle, ou presque. En France, un président de la République affiché socialiste venait d’être réélu. L’époque était encore de celles, attachantes et précieuses, où les intellectuels se piquent de psychiatrie. Effet de mode ou symptôme d’une société en quête d’identité ? Parmi eux, Félix Guattari qui, en marge de ses activités philosophiques et littéraires, aura travaillé de 1955 à 1992 au sein de la célèbre clinique privée deLa Borde située à Cour Cheverny (Loir-et-Cher). Un tout récent ouvrage[1] nous rappelle avec acuité et cet homme et cette époque.
Sans reprendre le refrain (qui finira bientôt par lasser) de l’âge d’or (et de son c’était-mieux-avant), fort est bien d’observer qu’en ces temps héroïques les croisements du journalisme et de la psychiatrie pouvaient ne pas être inféconds. Après avoir fait (avec Guattari le soignant) le chemin de La Borde financièrement étranglée, nous nous étions retrouvés peu de temps plus tard. La Borde vivait encore ; Ronald Laing venait de mourir. C’était le 23 août 1989. Guattari n’avait plus que trois ans à vivre. Il nous avait accordé un entretien qui fut publié dans Le Monde du 6 septembre 1989.
«Au début de ce mois, j’ai été interviewé (…) pour Le Monde, à l’occasion de la disparition de Ronald Laing, écrira-t-il dans un texte (intitulé Journal de Lebos et reproduit dans l’ouvrage cité). Pour la énième fois, j’ai été amené à expliquer l’impasse que connaît la psychiatrie française – malgré ses efforts de modernisation, malgré les expériences intéressantes du "secteur" extrahospitalier – par l’archaïsme de ses structures. L’esprit corporatiste de ses soignants, la passivité de l’opinion… (…). A ma grande surprise, cette interview a suscité quelques réactions et fait quelques vagues.»
Ronald Laing était mort après Franco Basaglia (1980) et David Cooper (1986). Etait-ce donc, en 1989 la disparition de l’antipsychiatrie ? Que pouvait nous dire sur ce point le psychanalyste qui avait été le principal animateur, avec les docteurs Jean Oury et François Tosquelles, de l’école française de psychothérapie institutionnelle ? Extraits :
«Avez-vous en 1989 le sentiment d’être un has been ?
Lire la suite ici

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire