dimanche 26 février 2012

A.L.I.

Edito de Charles Melman18/02/2012



Au député Fasquelle

Monsieur le Député,
Vous venez de déposer un projet de loi visant à « l’arrêt de pratiques psychanalytiques dans l’accompagnement des personnes autistes, la généralisation des méthodes éducatives et comportementales et la réaffectation de tous les financements existants à ces méthodes ».
On ne peut que saluer l’intérêt que vous montrez aux démarches faites auprès de vous par des associations de parents d’autistes hostiles à la recherche de facteurs psychogénétiques. Votre projet pose néanmoins deux problèmes, l’un de fait, l’autre de fond.
En fait, la généralisation actuelle du comportementalisme grâce à l’autorité des responsables universitaires a déjà écarté des lieux de soins nombre de psychanalystes. Ainsi votre projet ne peut plus avoir grand effet sur le terrain. À titre d’anecdote je vous raconterais que j’ai fondé avec des collègues hautement spécialisés une Association nommée PréAut et consacrée à la prévention de l’autisme infantile. Sa visée était d’informer le corps des pédiatres sur trois signes simples susceptibles de leur faire dépister précocement une entrée du bébé dans l’autisme. Une enquête épidémiologique aurait permis de vérifier statistiquement si, comme on le voit volontiers, une intervention psychologique faite avant 18 mois permet d’arrêter le processus.
Bien qu’elle nécessite peu de moyens financiers et qu’on ne saurait nier la scientificité de l’approche (objectivée par des prises filmées), celle-ci trouva un terrain occupé par des intérêts mandarinaux, idéologiques, financiers avec les labos, qui n’étaient pas prêts à lui laisser la moindre place. Sans doute faudra-t-il qu’un tel projet nous revienne du monde anglo-saxon pour que l’admettent nos revues de référence.
La deuxième remarque concerne le fond. Il n’est pas certain en effet que notre représentation politique soit habilitée à décider en matière de prescriptions psychiatriques. Le formuler ainsi rappelle que les interventions politiques en ce domaine ont rarement été heureuses et qu’une psychiatrie d’État peut être pire que ce qu’elle voudrait réparer.
Je reste à votre entière disposition pour le cas où vous souhaiteriez des informations complémentaires.
Votre dévoué,
Charles Melman

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