mercredi 2 novembre 2011


Schizophrénie : l’approche de la biologie moléculaire
Publié le 28/10/2011

Selon l’éditorialiste de The American Journal of Psychiatry, les recherches actuelles sur l’origine de la schizophrénie confirment « la convergence au niveau neuronal des approches en génétique et en biologie moléculaire » et soulignent « la grande complexité de cette maladie et l’échec d’une vision étiologique, calquée simplement sur son expression clinique. » Des travaux récents mettent ainsi en évidence un dysfonctionnement de la balance physiologique entre deux neuromédiateurs (l’acide γ-aminobutyrique –ou GABA [1]– et le glutamate[2]) qui présente à son tour « des effets variés sur l’activité du cortex préfrontal dorsolatéral et sur la modulation de neurocircuits impliqués dans la schizophrénie. » Même si maints phénomènes complexes concernant les fonctions corticales demeurent encore inconnus, et même si nous devons considérer cette région cérébrale comme une « boîte noire »[3], rappelle l’auteur, il est de toute façon établi que « les neurones glutaminergiques pyramidaux y détiennent un rôle-clef. » Et dans le cadre d’un programme d’investigations sur la schizophrénie (Consortium on the Genetics of Schizophrenia)[4], les chercheurs ont remarqué des « associations entre 96 gènes et 12 traits neurocognitifs » observés dans cette psychose, traits dont plusieurs sont « fortement influencés par les fonctions frontales. »

En tenant compte de « 16 620 essais liés à l’analyse de 1 385 polymorphismes nucléotidiques simples [5] (single-nucleotide polymorphisms, SNP) parmi ces 12 endophénotypes, une trentaine de SNP sont considérés comme significatifs (p < 0,001). » Et parmi la centaine de gènes « candidats » à un substratum génétique de la schizophrénie, 23 semblent effectivement impliqués, « beaucoup plus que sous le seul effet du hasard. » La plupart de ces gènes seraient engagés dans le fonctionnement des neurotransmetteurs GABA et glutamate. Cette approche des processus neurocognitifs par la biologie moléculaire est probablement « critique pour des maladies comme la schizophrénie », marquées par une « importante hétérogénéité génétique » et où « les allèles à risque peuvent résider sur différents gènes. » En attirant l’attention sur la neuromédiation glutaminergique, ce type de recherches lève le voile sur une part du « mystère de la schizophrénie » et suggère l’éventualité de nouvelles pistes thérapeutiques (qui cibleraient ces « voies frontales GABA/glutaminergiques »). En outre, ce changement de paradigme (où les données de la biologie moléculaire concurrencent l’approche clinique de la psychose) offre peut-être « une meilleure description de la schizophrénie » et semble représenter certains aspects de cette maladie « demeurant les plus réfractaires aux traitements » actuels.

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