mercredi 2 novembre 2011


Le meurtrier présumé de la joggeuse de Milly-la-Forêt devant les assises
Le meurtrier présumé de Marie-Christine Hodeau comparaît mercredi 2 novembre devant la cour d’assises d’Évry (Essonne) pour viol et assassinat.
Ce drame a débouché, en 2010, sur l’adoption d’une loi contestée sur le suivi des criminels sexuels dont l’application se heurte à l’hostilité d’une partie du corps médical
Au départ, il s’agit d’une sordide affaire. Marie-Christine Hodeau, une assistante maternelle de 42 ans, est kidnappée le 28 septembre 2009 durant son jogging. Jetée dans un coffre de voiture, emmenée au milieu des bois, elle est violée, ligotée à un arbre, puis étranglée. Son meurtrier présumé, Manuel Ribeiro Alves Da Cruz (49 ans), a avoué les faits après avoir été confondu par son ADN.
Son profil n’a pas manqué d’interpeller. Et pour cause : violeur récidiviste, il avait déjà été condamné en 2002 à 11 ans de prison pour viol et séquestration d’une adolescente. Il était sorti de prison en 2007, après avoir bénéficié d’une libération conditionnelle. Il n’en fallait pas plus pour relancer le débat sur la récidive des délinquants sexuels.
Sommée par l’Élysée de renforcer le suivi de ces criminels, la Chancellerie a présenté quelques semaines après le drame une loi encadrant plus strictement les injonctions de soins prononcées à leur encontre. Adopté le 11 mars 2010, ce texte prévoit que les condamnés refusant ou interrompant le traitement prescrit par leur médecin dans le cadre d’une injonction de soins (notamment la castration chimique) puissent être sanctionnés par un retour en prison.

UNE PARTIE DES MÉDECINS SE REFUSE À RECOURIR À LA CASTRATION CHIMIQUE

Lors des débats parlementaires, cette disposition du texte avait fait l’objet d’une vive controverse. Certains députés y voyaient la fin du secret médical. Finalement, le texte prévoit qu’il revient aux médecins traitants, et à eux seuls, de décider du soin. Par ailleurs, des « médecins coordonnateurs » sont appelés à faire le lien entre les praticiens, d’un côté, et le juge d’application des peines, de l’autre. Et ce afin de préserver au maximum le secret médical.
La communauté médicale semble toutefois rétive à appliquer la nouvelle loi. Toute une partie se refuse à recourir à la castration chimique. « Surtout, les praticiens éprouvent un vrai malaise à dénoncer leur patient, et ce même via un médecin coordonnateur, explique Gérard Rossinelli, vice-président du syndicat des Psychiatres des Hôpitaux chargé de la psychiatrie légale. Comment voulez-vous créer un minimum de confiance avec les patients quand ils vous soupçonnent de rendre des comptes sur leur évolution ? »
Difficile, pour l’heure, de dire si les réincarcérations pour « interruption de soins » ont été nombreuses depuis la loi de 2010. Et pour cause, elles ne figurent pas au casier judiciaire. « Jusqu’à présent en tout cas, je n’ai jamais entendu parler de réincarcération pour ce motif-là », note Ludovic Fossey, le secrétaire général de l’Association nationale des juges d’application des peines (ANJAP).
MARIE BOËTON

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