jeudi 1 septembre 2011


La psychanalyste Joyce McDougall
est morte

Mondialement connue, la psychanalyste Joyce McDougall, née Hilary Joyce Carrington, est morte à Londres le mercredi 24 août. Née en Nouvelle Zélande, le 26 avril 1920, dans une famille de commerçants aisés issus de l'immigration anglaise, elle fut très tôt sensible aux différences et aux inégalités au sein d'une culture encore très coloniale.

C'est à travers la lecture du Livre du ça de Georg Groddeck qu'elle découvrit la psychanalyse, ce qui la conduisit à poursuivre des études de psychologie. Après avoir épousé Jimmy McDougall, dont elle conservera le patronyme toute sa vie, elle se rendit à Londres où elle reçut sa formation clinique. Trois ans plus tard, elle s'installa en France et intégra la Société psychanalytique de Paris sans changer de nationalité.

Au fil des années, elle deviendra une clinicienne célèbre pour son talent et sa manière de mener des cures avec une finesse inouïe puis de publier des cas, toujours en accord avec ses patients. Comme le grand psychanalyste américain Robert Stoller, qui était son ami, elle s'orienta vers une compréhension novatrice des sexualités dites "déviantes" à une époque où la communauté psychanalytique méprisait les homosexuels au point de leur interdire de devenir des praticiens.

Dans un livre admirable, publié en 1978, Plaidoyer pour une certaine anormalité (Gallimard), elle aura le courage de dénoncer ce qu'elle appelait la"normopathie" (pathologie de la norme) en vigueur chez ses collègues et de montrer que ceux que l'on qualifiait de pervers pouvaient aussi être à l'origine d'une véritable créativité pour la psychanalyse.

Elisabeth Roudinesco




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