vendredi 22 octobre 2010




Gard« La santé mentale souffre d’une omerta, d’un défaut d’image très grave »

Denis Reynaud est secrétaire général de l’Union des cliniques psychiatriques privées

Jusqu’au 27 octobre, les cliniques psychiatriques diffusent une campagne radio nationale en faveur d’une meilleure compréhension des maladies mentales. Pourquoi ?

La santé mentale souffre d’une omerta, d’un défaut d’image très grave. Se faire hospitaliser en psychiatrie, cela reste tabou pour la plupart des gens. Pourtant, la maladie mentale, cela se soigne, il y a des résultats. Surtout si elle est prise en charge très tôt. Une dépression qui est prise en charge dès les premiers jours aura alors beaucoup plus de chances d’être guérie. C’est vrai aussi pour d’autres pathologies.

Votre action s’inscrit justement dans la semaine nationale de la dépression. Cette maladie continue-t-elle de progresser ?
Il faut savoir qu’actuellement, il y a une chance sur quatre, ou cinq, que tout un chacun soit un jour hospitalisé en psychiatrie. La plus fréquente des maladies mentales est la dépression ; selon l’INVS, de 5 % à 8 % des Français sont frappés par un épisode de dépression majeur. On constate un accroissement régulier des pathologies, la dépression en tête.

À cause de la crise ?
Oui, la crise se traduit par l’augmentation de la prise en charge de pathologies liées au stress.
L’image négative de la psychiatrie ce n’est pas qu’une affaire de tabou. C’est aussi le manque de moyens, les infirmiers surmenés...

Non ?

Il est exact qu’on a du mal à trouver des infirmières. On dit d’ailleurs au gouvernement qu’il faut en former plus.

La spécialisation en psychiatrie a d’ailleurs été supprimée pour les infirmières...
Ce n’est pas forcément une mauvaise chose : enfermer toute sa vie un infirmier en psychiatrie, c’est terriblement usant. Mais voilà, cette réforme a été mal faite : on n’a pas augmenté la formation en psychiatrie des infirmières. Il y a aussi un manque de moyens financiers. Depuis trois ans, on nous autorise une augmentation tarifaire d’un pour cent l’an. Comment pourrait-on dès lors augmenter le salaire de nos personnels ? Aujourd’hui, aucune clinique privée n’est en mesure d’équilibrer ses comptes en fonction des tarifs accordés par la tutelle. Les tarifs ne couvrent pas les coûts.

Comment faites-vous alors ?
On récupère avec les tarifs des chambres individuelles : mais voilà, tous les patients ne peuvent pas se permettre de se payer une chambre individuelle.

Dans le Sud, plus d’établissements
Les cliniques psychiatriques sont particulièrement implantées dans le Sud-Est. Une raison historique à cela : cette terre d’élection des sanatoriums, a vu, à leur disparition, nombre de ces établissements muer en cliniques psychiatriques. Aujourd’hui, en Languedoc- Roussillon, plus de la moitié des hospitalisations sont prises en charge par des établissements privés. En France, le privé prend en charge près de 25 % de l’activité, avec un budget inférieur à 10 % du total de la psychiatrie en France. « On ne trouve pas cela équitable », dit M. Reynaud au nom de l’Union nationale des cliniques psychiatriques privées (UNCPSY, 163 établissements) laquelle milite pour une meilleure reconnaissance de leur action par les pouvoirs publics et la population.

Mont Duplan : clinique rachetée
« On n’arrive plus à s’en sortir », affirme M. Reynaud. Il y a un an, « à contrecœur », il a vendu la clinique du Mont Duplan au groupe VP Investissement. En 1931, son grand-père avait fondé l’établissement qui sera l’un des derniers sanatoriums de France avant sa mue, en 1974. Cette année, la clinique (58 lits, dont 30 en chambres individuelles) a été la première à décrocher la certification V2010, et ce sans réserve de la Haute autorité de santé (HAS). Un gage de qualité, « grâce à la mobilisation exceptionnelle du personnel », souligne M. Reynaud.
Recueilli par Richard BOUDES
 

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