dimanche 5 septembre 2010



Les travailleurs sociaux, futurs chantres des économies d'énergie auprès des démunis 
Mis à jour le 02.09.10

Pour mieux former les publics en difficulté à la lutte contre la précarité énergétique, 30 000 travailleurs sociaux de la fonction publique territoriale seront formés aux économies d'énergie et "aux gestes du développement durable", à partir de janvier 2011.

Valérie Létard, secrétaire d'État auprès du ministre de l'écologie, a annoncé la signature d'une convention avec l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) à l'automne, lors d'un forum consacré au "développement durable, créateur de lien social", mardi 31 août à Bordeaux. 3,4 millions de ménages français consacrent plus de 10 % de leur revenu aux factures d'énergie, rappelle Mme Létard – assistante sociale de formation –, qui inscrit cette nouvelle mesure dans le cadre du Pacte de solidarité écologique.

Accueillie positivement sur le principe, cette mesure laisse cependant sceptiques certains acteurs sociaux. Du côté associatif, le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, Patrick Doutreligne, craint que l'on ne se contente d'apprendre à gérer la précarité. "Si c'est pour dire "dites-moi ce qui vous manque, je vous apprendrai à vous en passer, cela ne va pas", dit-il. Sans mésestimer l'annonce gouvernementale, M. Doutreligne préférerait des mesures "plus efficaces". L'État doit se montrer plus contraignant envers les propriétaires en les obligeant à rénover les logements, estime-t-il : "Le vrai problème, c'est comment lutter contre les passoires thermiques qui sont habitées dans leur grande majorité par les personnes aux revenus les plus modestes."

Apprendre aux ménages en difficulté à "laver son linge à 40°C en programme court (180 euros d'économie annuelle), à couper son ordinateur (30 euros d'économie) ou son téléviseur (55 euros)", comme le détaille le ministère, fait sourire Évelyne Rossignol, assistante sociale en Indre-et-Loire. "Les familles en grande difficulté ne disposent pas de nombreux appareils électriques, avance-t-elle. Et on peut leur demander ce que l'on veut, ce n'est pas forcément leur priorité."

Un avis partagé par le secrétaire général de FO fonction publique territoriale, Didier Rosez. "Parler d'économie d'énergie à celui qui peine à boucler son budget, ce n'est pas gagné", juge-t-il. Pour le syndicaliste, "évoquer la précarité énergétique, ce n'est pas vraiment le coeur de métier des travailleurs sociaux, surtout avec la crise".

Les syndicats dénoncent aussi la volonté de l'État de se défausser de ses responsabilités sur les collectivités territoriales. Le coût de la formation, d'une durée de deux à trois jours, sera pris en charge par le montant de la cotisation versée par les collectivités locales au CNFPT. Le secrétaire général de la CGT fonction publique, Baptiste Talbot, doute aussi : "Le gouvernement cherche plutôt à restreindre les moyens des collectivités territoriales, dit-il. Si la mesure peut être intéressante pour les familles, ce n'est pas en supprimant des postes, comme cela se fait, qu'on la mettra en pratique."

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